C’était bien trop tentant pour ne pas y revenir, en catimini, un dimanche matin.
Je pensais m’introduire dans la boutique dès potron-minet(te), à la faveur des rues désertes, par une petite trappe que j’avais repérée, juste assez large pour y glisser les courbes félines dont Marvel-Eudoxie m’a délicatement pourvue, que je commence à apprivoiser avec délice et volupté…
Pas question de faire un braquage cette fois, juste une visite à l’improviste aux Curieuses, histoire d’enfin poser mes pattes de velours sur la vieille machine à écrire de David.
Je m’approche, l’observe attentivement, la caresse, m’y frotte avec sensualité pour épousseter de mon pelage tout doux les interstices entre les touches qui me chatouillent au passage. Hi hi hi.
Rrrrr… Ronronnement de plaisir.
Perchée sur le haut tabouret, un frisson d’inspiration hérisse mon panache en point d’interrogation.
J’introduis le papier dans le cylindre, puis j’actionne le levier de retour-chariot pour réarmer le ressort. Me voilà en début de ligne.
Je pourrais commencer un roman ou juste laisser un petit mot sur la page immaculée… Mmmm.
« What’s new, PussyCat ? »
Mais soudain c’est la panne.
Je tente un a. La biellette balance la barre correspondante avec vigueur dans l’air. Le bruit caractéristique du heurt me fait rougir d’excitation mais la page, elle, reste livide.
Je recommence avec un z, même chose.
Je m’énerve, tape et retape au hasard sur les touches. Au rythme d’un métronome imaginaire, je joue la sonate Tempête sur le clavier: Ti ta ta ta. Ti ta ta ta. Ti ta ta ta…
Rien.
La feuille est désespérément blanche, un brin froissée, tout au plus.
Le ruban encreur a séché.
De rage, je l’attrape et le déroule avec force. Un mètre, 2 mètres, 3 mètres… il suffit, je l’arrache ! Ouille, je me suis embobinée toute seule. Me voilà comme un chat égyptien momifiée, paralysée.
Cette fois je sors les griffes et coupe dans le vif !!!
Enfin libre… mais quel bazar sur le bureau de David ! Du Chatterton me colle aux coussinets. Je fais le gros dos et renverse un pot à crayons. D’un saut de chat extirpons-nous de ce foutoir et traversons la boutique à la vitesse de l’éclair.
Graou. Tout est trop beau par ici. Pourquoi partir déjà quand une dalle bien chaude de la lumière matinale miroite près du tapis persan ?
Oublié le bureau, passons au salon. Je m’étire et me prélasse dans un bain de soleil.
Miaou… Meow, miaow.
Les yeux clos, je profite paresseusement de la douceur de vivre chez David Gaillard. Voilà que je voudrais devenir l’ombre de son ombre pour ne pas quitter la place.
Le cliquetis dans la serrure me réveille en sursaut.
Oups, Gloups. Qui voilà ?
Le maître vient de rentrer et pointe sur moi son lampadaire. Je suis faite comme un rat, quelle ironie !
Vite une idée. Pas question de jouer la petite souris timide. Je suis chatte, je suis Elizabeth Taylor donnant la réplique à Paul Newman. Peur du feu des projecteurs ? Jamais.
Prenons plutôt une pose lascive qui leur donnera l’illusion que je fais partie du décor:
Tadaa !!!
Ils sourient. C’est gagné. Je retombe toujours sur mes pattes.
On ne va pas tenter le diable non plus. Je les laisse estourbis de cette image sensuelle et m’éclipse par la chatière, ni vue, ni connue. OUF!
Vite, vite, je file. Traverser Paris pour un rendez-vous avec le Petit Chaperon Rouge à la Coupe d’Or… Je vous raconterai cette prochaine aventure.
CatwomAnne, délicatement ponctuée par les croquis d’Eudoxie.
Elle est superbe cette vieille machine à écrire!
Bon dimanche ma jolie
http://Fashioneiric.blogspot.com
Coline ♡
Fascinante. Mais moins efficace qu’un iMac 🙂
J’ai connu ça, c’est mon souvenir d’enfance 🙂
ps. attention, est-ce normal sur le homepage de WP, je ne peux pas cliquer « like » ?
Merci pour ce bug, je fais remonter l’info au geek !!!
Je suis ravie d’avoir réveillé la petite fille en toi.
De rien 🙂
Vos aventures nocturnes sont épatantes Miss Chatt’-Charm’, les dessins sont sensationnels; vous êtes deux enjôleuses de lecteurs . Vite la suite !
PS il est vrai qu’il faut une chatte-époussette avec ce genre d’objet ramasse poussière, et trouver un globe assez grand pour mettre la machine dessous je ne sais pas si c’est possible – reste la cage en verre.
Se résoudre à la poussière ou tout mettre sous cloches de maraicher… je ne sais pas encore. A Paris la poussière est collante, pouha !
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Coquine!!!
Ah ah ! Facile à dire pour toi… tu en es une autre donc: je ne fais que mettre des mots sur les merveilleuses histoires dessinées que tu imagines pour nous 😉
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