« Marcel !!! On le fait, ce 13 ? »
« Retiens ta boule, Toulinou. »
« Ah ma doulour, je suis tombé sur un graton qui m’a fait faire un écart. » Et l’autre de s’esclaffer en regardant partir au loin la trop longue: « Paris – Hendaye – San-Sebastian… »
« Joue au fer. »
« Tu l’as bien plombée, Anne Chérie ! »
« Elle tente un DVDB en tirant à la Raspaillon… »
« Tu la vises et tu la manques, malheureuse. »
« Ah la belle roulette ! »
« On va leur faire biser Fanny »
« Allez, va au Petit, un beau Biberon… »
« Ma parole, encore un Carreau »
« Celle-ci est trop courte mais elle est dans le jeu, c’est bien. Elle mériterait d’être poussée tout de même. »
Voilà ce que j’entendais, réminiscences du passé, voix chères qui se sont tues… L’émotion me serrait la gorge, les larmes brouillaient ma vue.
Comme Urbanyl, le chien de mon enfance qui bondissait gaiement autour de la petite troupe, je suivais les pas des joueurs, allant au rond, étudiant le terrain, revenant incertains… « Tu tires ou tu pointes ??? » avais-je envie de leur aboyer, à ces pétanqueurs d’un jour aux étranges souliers.
Motardes Ash confortables ou bottillons lacés camel sous un boyfriend jean reboulé pour les filles à la vanille, sneakers en vogue côté garçons…
Vous avez compris à la vision même partielle des protagonistes que cette partie ne se joue pas sur une place de village au fin fond du Limousin.
Alors où ?
Au Palais Royal évidemment !
Par un après-midi d’été s’y affrontaient deux couples d’inconnus bohème, stylés des pieds à la tête.
Je les observais en tapinois et volais quelques images au zoom, fascinée, envieuse, mais m’osant pas troubler l’harmonie du joyeux quatuor.
Des amoureux parisiens en conciliabule tactique, je ne pouvais que deviner la complicité et parier en mon for intérieur sur les ongles corail des motardes noires dont je portais les jumelles sable, camouflage parfait pour intruse observatrice.
Oups repérée !!!
Je regarde le ciel, mine de rien, sifflote nonchalamment et m’éloigne à regret, me promettant de revenir dès que j’aurais trouvé des partenaires de jeu (que je cherche toujours depuis).
Comment ça c’est ridicule de jouer à la pétanque au Palais Royal avec des talons ???
Pas du tout, pas du tout. C’est démocratique la pétanque, c’est ouvert à tous, même aux rédactrices de mode.
D’accord. Parfois ça peut aller un peu loin et faire sourire les vipères… Par exemple je me souviens de la Pétanque la plus luxueuse de l’Histoire, en 2010, Place des Lices à Saint-Tropez, organisée par Chanel… avec des trophées dorés siglés !
Un aperçu de l’événement en vidéo d’archives:
On est loin, très loin de mon Papili Marcel et son Maloubier des Tilleuls… Mais après tout, pourquoi les riches et célèbres devraient-ils s’ennuyer sur leurs yachts sans goûter aux plaisirs simples de la vie ?
Allez, Karl, un petit Pastis 😉
Anne
Je joue!
Cool ! Alors tu tires ou tu pointes ? 😉
Je suis une fille du sud qui ne joue pas à la pétanque ni ne bois de pastis. Mais là le décalage est amusant et tentant 😉
Viens ! Une fille du Sud qui jouerait à la pétanque exclusivement à Paris, voilà un snobisme que j’adore 😉
(note que je passe sur le pastis également… pouha !)
Le genre de snobisme que j’aime ! 😉 Le pastis je le bois en mauresque (sirop d’orgeat et beaucoup d’eau) et encore si je peux le remplacer par de l’anisette je préfère.
On est des snobinettes 😉 Moi je n’aime pas l’anis… Tu ne m’en voudras pas si je t’accompagne au sirop de fraise ?