Preuves irréfutables de miracle avéré.
Appelez-moi Bernadette ! Si, si… cette fois c’est sûr, j’ai des visions.
Déjà je vous avais parlé d’une apparition de la Déesse de la Mode en personne, il y a plusieurs mois… c’était par là. Mais très vite, on avait compris ce qu’elle me voulait : s’attaquer à mon porte-monnaie en m’en faisant acheter un nouveau ! J’avais déjoué sa stratégie démoniaque en luttant farouchement et réussi, malgré l’illusion, à ne point céder.
De là à penser que cette attitude héroïque a fait de moi une Sainte, c’est un peu gros.
Cependant…
Je n’ai pas osé vous en parler plus tôt, j’avais peur que vous me preniez pour une folle… ce que je suis mais dont je n’aime pas qu’on me traite.
Vous allez penser que j’ai trafiqué quelque chose, que c’est comme les photos du monstre du Loch Ness ou des OVNI… Je vous juuuure que je n’ai rien fait ! Ça s’est imprimé tout seul sur la pellicule virtuelle de mon appareil numérique et Photoshop n’a été que le révélateur d’une preuve concrète de miracle avéré (canonisez-moi !).
Rue Saint-Honoré, une après-midi apparemment comme les autres, la lumière s’est soudain tamisée pour prendre des nuances de rouge orangé… (Ça m’arrive des fois, quand je suis en hypoglycémie alors j’ai croqué un sucre mais ça n’a rien changé).
Un flux d’énergie d’un blanc immaculé a transpercé le ciel pour venir se poser juste sous mon nez (si je ne suis pas l’élue…) : pièce à conviction numéro 1.
On ne voit pas grand chose, je vous l’accorde, mais ça a suffi a me faire plier les genoux, joindre les mains (sans lâcher l’appareil) et lever les yeux vers la source de cette illumination.
Et là, on va bien voir ce qu’on va voir !
Voilà :
Alors… si c’est la Vierge, elle ressemble étrangement à Kate Moss (qui ne l’est pas, à ce que j’ai ouï dire, mais qui a pu le devenir par une opération du Saint-Esprit de la chirurgie obstétrique… on ne sait jamais).
J’en ai déduit que ce n’était pas Marie, mais encore une fois la déesse de la Mode, la Beauté du diable incarnée, planant au-dessus de nous autres, pauvres mortels, sourire aux lèvres plus mystérieux que celui de Mona Lisa et eye liner sur yeux de chatte brûlant par dessus les toits…
Pourquoi je la soupçonne de ne pas être un ange ?
Preuve numéro 1, avant d’entamer la discussion (me transmettre un message à propager sur la planète), elle a joué un peu avec mes nerfs en allumant une clope…
Preuve numéro 2, elle a sorti un long serpent jaune, animal sournois qui s’est lové contre son corps nu. C’était indécent (et fascinant…).
Preuve numéro 3, comme dans l’iconographie classique emplie de codes plus ou moins simples à déchiffrer, son visage s’est coloré de…
… Rouge sang (devil !) et des cornes lui ont poussé au dessus des oreilles.
J’étais la seule à la voir, je crois, car les gens dans la rue continuaient leur manège habituel, pressés et nonchalants se rentrant dedans, conducteurs klaxonnant les piétons tempêtant contre les voitures embouteillées. Nul ne semblait réaliser que ce joyeux bordel était l’oeuvre d’un petit démon, qui se riait bien de leur vain fourmillement…
Ce clin d’oeil qu’elle m’a fait, j’en connais pas beaucoup qui lui auraient résisté…
Enfin, Kate a repris son sérieux. Elle a froissé ses cheveux, enfilé un cuir noir clouté, apanage des icônes.
Au plus profond de mon être, elle a pénétré d’un regard qui l’était tout autant (noir comme le cuir et profond comme mon âme) avant d’ouvrir sa bouche glossy pour me susurrer dans un fourchelang parfait son message apocalyptique.
« Shlinnnsh chle rrrrhar tsa tsuichla srrratar chlaaa »
Littéralement !
Elle a viré au bleu piscine avant de disparaître… ou plus exactement au bleu Colette !
Puis s’est ravisée : devant mon air implorant, c’est elle qui a cédé. Elle a soupiré et accepté ma tacite requête… posé des lunettes sur le bout de son nez (qu’elle a joli d’ailleurs)…
…pour me signer son apparition !!! Faut pas déconner non plus, elle fait le boulot jusqu’au bout, Kate.
C’est sous cette dernière illusion d’apparition protéiforme qu’elle m’a dit « Ciaooo » avant de s’évanouir en fumée de Havane.
Je ne vous cache pas qu’il m’a fallu un moment pour m’en remettre. Pourtant, je ne suis pas née de la dernière pluie et si j’avais dû tourner de l’oeil à chaque buisson ardent qui a croisé ma route, je serais encore dans les pommes…
Quand même, c’était une expérience sensorielle assez intense, même sous ecstasy, et à ce stade, je me demandais si je ne développais pas un syndrome connu chez les modeuses, le delirium très mince.
Il m’aurait fallu une preuve physique, un peu comme à Moïse les Tables de la Loi, un truc à montrer à la plèbe.
A l’instant où je pensais ça, se matérialisait devant moi, au ras du sol, l’objet défendu que j’appelais de mes voeux.
SI !!!
Alors que quelques secondes plus tôt il n’y avait rien, dans la vitrine de Colette, les commandements s’étalaient, en plusieurs exemplaires (parce qu’elle est plus maligne que d’autres, elle envoie ses missives par milliers, et au bon endroit… on ne va pas les perdre dans le désert d’Egypte où s’abattent les 10 plaies).
OK, Kate, le message est passé, on va l’acheter ton livre !
Vous me croirez si vous voulez, mais la semaine suivante, l’endroit était inaccessible, pris d’assaut par des centaines, des milliers, des centaines de milliers de pèlerins.
Il paraît que Kate Moss, sous sa forme humaine cette fois, son avatar mortel, était venue à Paris, chez Colette, dédicacer quelques exemplaires aux bienheureux admirateurs qui se bousculaient.
J’ai souri en les voyant transis de froid qui répétaient fébrilement leur compliment dans un anglais tremblant (« You are magnifical, Miss Moss »)…
J’avais vu, moi, vaine ombre obscure et taciturne, la Déesse sous sa forme totale. J’étais initiée aux mystères de la mauvaise foi.
Alors traitez-moi de ce que vous voudrez, je m’en fous, je contrôle la matrice.
En souvenir je vais commander LE livre au Père Noël (vu qu’il est sold out partout ailleurs…), pour avoir une relique, un objet de fantasme et accessoirement de très très belles photos de la Belle entre les belles.
AnnePS : je sais que tout le monde en a parlé de ce fichu bouquin, mais je vous mets au défi de trouver un article plus… que le mien !
Liens
Kate Moss sur Colette online Shop
Written by Kate Moss, Edited by Fabien Baron, Jess Hallett and Jefferson Hack
Rizzoli Editions
Effectivement! Je n’ai rien vu dans le style du tien!! 🙂 J’imagine bien la cohue chez Colette….
Je me suis un peu laissée aller, j’avoue 😉
Joyeux Noël Isabelle !!! J’espère que tu auras la manchette dorée de ton dernier dessin…
Non, il n’y aura rien de plus poétique et fou que le tien. C’est pour ça que je l’ai aimé. Méfie-toi : tu risques de revivre ce genre de phénomène si Inès sort un livre (ou Eudoxie)
Tu me connais bien… Pour Inès, j’ai déjà dit tout le bien que je pensais de La Parisienne. Et si Eudoxie sort un livre, je veux bien faire la préface dithyrambique 🙂
Gros bisous sous le gui Stelda.
J’ ignorais qu’un tel livre venait de paraitre, inculte que je suis, je me suis régalée à lire ton article très habité.
Les sept merveilles du monde, les douze commandements, les trois Mousquetaires et les dix plaies d’ Egypte non ? 🙂
MERCI ! pour les plaies d’Egypte 😉
En revanche, les commandements sont bien dix et on peut argumenter sur le fait que les mousquetaires sont 4…
Je rêve de découvrir ton intérieur aux couleurs de Noël… ça doit être si accueillant.
Je t’embrasse, Mrs B.
MY-THIQUE. Culte même – ton article.
Un peu too much ! Mais Kate l’est et puis je ne vais pas t’accuser d’en faire trop quand je suis moi-même partie en sucette 🙂
Tu me rapportes une photo de ta baignoire viennoise ?
Et le marché de noël aussi ?
Enjoy !
Bravo pour cet artcile un vrai Hymne à Kate si si 🙂 bizz
C’était parce qu’elle le vaut bien… et je n’ai toujours pas le livre !!!
Love
A
Tu magnifies tout ce que tu vois, tes mots ont l’art de rendre beau tout ce que tu touches, ta prose rend désirable n’importe quelle vitrine. Et même quand tu t’attaques à un sujet, de sa majesté, sur lequel tout a été dit, tu trouves un angle nouveau, tu nous « déblases » de la personne, tu donnes à voir ce qu’elle a de plus beau. Cela-dit, en ce qui me concerne, ce livre ne vaut que par tes mots, donc tiens moi au courant de la prochaine réédition dont tu auras écrit la préface.
Bises glossées.
Merci !!!!
Ils devraient m’appeler très vite (on y croit ;))