Elise Anderegg, la romantique

Quand Magali m’a proposé de la retrouver pour un reportage, j’ai enfilé un jean, une chemise à carreaux et mes boots et j’ai couru au rendez-vous, avec enthousiasme et curiosité.

« Elise a travaillé dans la Haute-Couture, pour le dentellier réputé Solstiss (souvenez-vous les robes merveilleuses de Caroline Seikaly) et maintenant, elle crée de la lingerie. Ce serait parfait sur Chic & Geek. »

Magali, une fois encore, MERCI ! Tu avais raison…

Décidément, si j’avais plusieurs indics de la même trempe, je n’aurais plus jamais de « panne d’idées ».

Ah et si je n’utilisais pas cette fichue interface avec mes gros doigts gourds, je ne viendrais pas de perdre tout mon article en 2 clics maladroits, et ne serais pas en train de tenter de le réécrire, rageusement, mais de faire une sieste devant le Tour de France. La vie est parfois très cruelle. Reprenons donc.

La rue Mauconseil se situe à 5 minutes de chez moi, dans le premier arrondissement. Elle prend sa source dans la rue Française (en face des vitrines de Kabuki).

Verte et paisible, elle suit son court chemin piétonnier.

Puis elle se jette dans la rue Montorgueil pile au niveau de l’Escargot, où elle se noie dans la foule des badauds, ignorant qu’à quelques mètres se cache la plus jolie oasis d’air pur de Paris.

J’ai une excuse pour ne pas vous avoir parlé de la boutique d’Elise plus tôt : elle n’existait pas.

Aujourd’hui, peinture fraîche et décoration accueillante, pas encore d’enseigne, mais immanquable car, devant la porte ouverte, un banc, des buis boules, une table, des chaises rose flash, et deux amies qui discutent et sourient.

Je pousse un soupir de plaisir en les voyant là.

Magali me présente Elise, la maîtresse des lieux, et nous entrons dans le petit temple adorable qu’elle a imaginé, sucré mais pas sirupeux, jeune, joli, coloré et chic, exactement à l’image de la collection qu’elle nous montre, ensembles de soie élégants et fins, palette de couleurs tendres ou plus pigmentées…




Face à tant de jolis balconnets, je me sens obligée d’avouer à Elise, penaude, que depuis des années, je ne porte presque jamais de soutien-gorge (coming out !)… même si ce que je vois me donne très envie de m’y remettre, je ne pourrai pas encore renoncer à la liberté, surtout par temps de canicule.

Cependant, je confesse également ma grande passion pour les grandes culottes, les tops et autres combinaisons, dessous dessus ! Le mur d’en face en est empli, ça tombe bien.

Toutes trois de disserter sur l’importance d’une bretelle, de l’impératif de pulls aux décolletés en V trop larges qui tombent sur l’épaule et dévoilent les détails précieux d’un caracco ou d’une nuisette…

De théoriser sur la longueur idéale d’une jupe crayon qui laisserait découvrir un bouton de soie, ou un noeud minuscule, surprise divine…

Tout en parlant, distraitement, nous caressons, du regard ou du bout des doigts, les froufrous de mousseline, la douceur de la soie, admirant la palette dégradée de tons pastels, du vert menthe passé au mauve très pâle poudré, la qualité d’un faux uni léopard rose, le contraste léger entre la couleur et le blanc qui la borde ou plus audacieuse de noir entourée.



Un éventail improvisé, vite, pour apporter de l’air dans mes cheveux et sur mes seins blancs (que vous ne sauriez voir!)…

De ce pas, je décide qu’à sa prochaine collection il lui faudra en ajouter, de vrais, délicats. Elise, y songeras-tu ?

Nous sommes d’accord sur le choix du tissu, chatoyant, qui avivera l’été, à mixer avec cachemire mousseux ou coton naturel ample, top coloré sur un jean et pull d’homme, ou réchauffera l’hiver sous une robe austère…

Décidons que les fonds de robes vont de nouveau être à la mode et qu’on les trouvera là, simples ou plus étonnants, savamment découpés comme celle-ci, suspendue en vitrine, bleu indigo plein d’audace.

J’ai en tête un article de Fonelle, ôde à une combinaison, et je pense qu’elle aimerait l’idée d’Elise : « My Little Black Nuisette », en écho à la Little Black Dress, autre graal des modeuses que nous sommes.

Sur un portant entier elles se succèdent, chacune unique, noir sur noir ou mixée de blanc, longueurs différentes, mais harmonie de coupes impeccables, celles qui épousent les formes sans les comprimer, qui bougent avec le corps, plissent où il faut, glissent en un quart de  seconde, pèsent 20 grammes et couvrent la peau nue de pudeur et de douceur soyeuse à la fois.

Il me les faut toutes, la collection complète…
Me voilà de la secte, adepte et conquise par My Little Black Nuisette.

Il faut dire que ce sont les soldes et il y a là le parfait mix entre qualité des matières et des coupes, originalité des coloris, et prix raisonnables !

Alors quoi de plus rafraichissant, en cette fin de journée trop chaude, Rachmaninoff en tête, 7 ans de Réflexion en mémoire, que trois filles qui discutent de leurs fantasmes charmants, de leurs hommes tout autant, de ceux des autres pas moins, de petites culottes et de bas de soie, en se passant des glaçons ?

Elise a un talent fou, en plus de son sourire lumineux, qui part de la commissure des lèvres et remonte jusqu’à la prunelle des yeux, un sourire entier, généreux, comme elle.

Son esprit, reflété par la boutique, est resté romantique, empreint d’innocence.

Loin, bien loin, de vouloir faire des femmes fortes, elle joue avec leur fragilité, les caresse, les cajole, et la sensualité qu’elle leur insuffle est toute légère, celle une d’éternelle fiancée, câline, fraîche, douce et chic.

Pas de clichés ici autres que les jolies images qui habillent les murs, mais de la délicatesse.

Et puis un parfum, des bougies au Jasmin, des pochettes de soie pour faire voyager sa lingerie, de la lessive toute douce pour en prendre soin à la main, et un sachet de senteur à glisser dans nos tiroirs, qu’elle nous montre… tout est si tentant (à commencer par le vernis des ongles d’Elise…).

Cette photo sonnait comme un adieu, mais enfin la boutique a beau être petite, vous n’aurez pas fini la visite tant que vous n’aurez poussé la curiosité jusqu’à la cabine d’essayage, exceptionnelle, à l’idée qu’on devrait breveter…

Derrière le premier lourd rideau rose, une antichambre, un fauteuil bleu canard, confortable.

Vous y laisserez votre sac à main, votre manteau, et éventuellement aussi votre compagnon…

Avant d’entrer, sous un autre pan de tissu plus léger, dans la cabine elle-même, écrin de douceur, qui ressemble à l’univers d’Elise, chaleureux, tabouret et murs recouverts de chintz à paillettes, lumière tamisée, miroir indulgent, veste noire et blanche, pour jouer…

Parfum et collection de livres sur les étagères, vous pourrez ainsi, en toute discrétion, inviter votre compagnon à jeter un regard complice, vous aider à choisir, pour vous et pour lui, des dessous de dentelle qui iront avec vos bijoux.

En vous attendant, entre deux changements de tenue, il sera dans les meilleures dispositions pour vous faire des cadeaux, discrétion de cette alcôve improvisée, à l’abri des regards, vous laissant l’intimité nécessaire à vous parer pour lui… osant un oeil de temps à autre dans la boutique, rêvant de vous, toute proche… et probablement toute nue !

Elise nous a raconté que lors d’une de ses premières ventes, les clients ayant profité de cet astucieux agencement des lieux, elle a dit à la jeune femme combien son époux était généreux…

L’autre lui a ri gentiment au nez : « Je ne suis pas sa femme,  je suis sa maîtresse, voyons ! »

Le monde selon Elise n’est pas forcément conforme à la réalité du marché.

Je ne doute pas cependant que son adresse s’échange sous le manteau, que les clients affluent rue Mauconseil profiter des siens et qu’elle vienne jouer dans la cour des Fifi et autres Chantal. Elle en a indéniablement l’étoffe et suffisamment d’idées pour se faire une place à part…

Regardez son site si vous ne me croyez pas…

Ses nuisettes sont des robes, qui habillent les nuits dans la chambre à coucher ou en soirée. De tulle recouverte, mariée improvisée.

Pour cet hiver elle nous promet encore des merveilles, du gris perle Cambon à petits boutons, et de nouveaux imprimés.


Enfin une Little Black Nuisette que nous allons nous arracher avant que d’autres mains ne s’y mettent !

Décidément pleine de surprises Elise, elle nous a même proposé de renouveler l’expérience de notre cocktail découverte de chaussures, version lingerie, très bientôt, si le coeur vous en dit 😉

EDIT du 21 juillet : Ce soir Elise vous invite à découvrir ses trésors :

Anne

Informations et liens :

Ici et Ailleurs, le blog de Magali qui a fait 2 articles sur Elise, ici, et .

Le site d’Elise Anderegg

La boutique parisienne :
Elise Anderegg
38, rue Mauconseil
75001 Paris

Une réflexion sur “Elise Anderegg, la romantique

  1. maisquelbeautemps dit :

    ça y est, je suis d’humeur poudrée…
    me suis toujours pas remise du coup du tour de france : mais comment peux-tu écrire des mots si délicats avec le tour de france en background? peut-être que tu l’as dans la peau, la délicatesse ;D

    tout semble aimer les femmes, dans cette boutique-boudoir… et l’agencement de la cabine d’essayage est une merveille, une rareté!!

    • Je dois être honnête : c’est Lancelot qui regarde le tour de France… moi je dors pendant ce temps. Ou quand j’écris, je l’enferme dans la chambre avec autant de murs qu’il faut entre nous pour ne pas entendre les commentaires. Je préfère de loin les vôtres ici 😉

  2. Stéphanie dit :

    Tu le sais Anne, j’adore tes reportages ! Et celui-ci est certainement un de mes préférés !
    de l’élégance, du raffinement … J’aime !

    • Merci Jolie Fleur… L’éternelle fiancée, ça pourrait être toi.. je t’imagine tout à fait dans une de ces combinaisons sous tes robes vintage !

  3. Dori dit :

    Carton d’invitation. Cabine d’essayage. Tendres dragées pastel enveloppées dans un carré de mousseline reposant au creux d’une boîte ronde dont le couvercle est repoussé, votre parfum me poursuit depuis l’entrée. Lady A, tu es une fée.

  4. Je t’avoue que je connaissais pas… et je trouve cette ambiance boudoir très agréable… bravo ! Joli billet…. et je vais aller de ce pas dans ce temple de la féminité !

  5. cleopat dit :

    quel joli boudoir ! on sy sent bien rien qu’en regardant les photos !
    Tu me fais changer peu à peu ma vue de Paris qui pour moi est une ville telle une pieuvre où tout est gris et effrayant à cause du monde !du tourbillon de gens qui courent sans cesse!
    ces petites boutiques, ces quartiers, sont comme des petites bulles d évasion, de chic, de glamour ..

  6. Anne tu es magique! Je ne sais pas comment était ton premier jet mais cet article paru là aujourd’hui est formidable de charme, douceur, légèreté. Tu retranscris l’univers d’Elise à merveille, tu sais vraiment raconter les moments vécus comme personne, un vrai talent de conteuse. Bisous!

    • Bisous mon si joli miroir… Si tu as aimé, toi qui m’as permis de découvrir cet endroit, alors je suis consolée d’avoir perdu ma première version !
      On s’y retrouve la semaine prochaine… Youpi 🙂
      Bisous

    • Et une convertie, une !
      Voilà qui est génial… cocktail là-bas le 21, si le coeur t’en dit… je mettrai l’invitation sur Facebook et Twitter 🙂

  7. J’aime aussi tes reportages. On te suit pas à pas… Tes descriptions des lieus sont tellement précises qu’une fois sur place, on pense immédiatement à tes posts. D’ailleurs, maintenant, dès que je vais dans le quartier du Palais Royal, je pense à toi et à tel post devant la boutique.
    Pour en revenir à Elise Anderegg, la collection et la boutique sont magnifiques. Saluons cet esprit d’initiative. Tout est ravissant. Je crois également en la combinaison (ou fond de robe). Je me souviens très bien du post de Fonelle. Et je fredonne souvent le « mademoiselle, votre combinaison dépasse » des Demoiselles de Rochefort.

    • On a les mêmes notes de musique dans la tête 🙂
      Merci Isabelle… tes commentaires sont toujours de délicieuses déclarations dont je me repais avec délectation.
      On va y arriver à remettre le fond de robe combinette, aidées par un de tes croquis magiques peut-être ?

  8. Moi aussi je visite 🙂
    Quelle bonne surprise, je me souviens l’avoir rencontrée à ses débuts, et je vois qu’elle a continué son chemin depuis, bravo !

    • Wahou ! Que je suis flattée de te voir ici 🙂
      Et donc tu connaissais déjà Elise, veinarde… Ravie de pouvoir t’en donner des nouvelles réjouissantes.
      A vite ici ou chez toi, petite bulle pétillante.

  9. Style Dilettante dit :

    Oh my goodness! In my fantasy my boyfriend takes me to Paris and this is our first stop! He buys me tap pants, bras and slips in every color offered. It would be the perfect kickoff to a romantic vacation! Unfortunately right now I would settle for the boyfriend!

    http://inherentstylela.blogspot.com/

  10. Ah comme toujours tes articles sont excquis, mais une question me taraude, je ne commente que quand tu parles de lingerie…
    Le design de cette marque est somptueux, tellement rétro, une ôde à la féminité, j’adore.
    Merci Anne, on se boit un thé quand tu veux 😉

  11. martylo dit :

    t’en parles tellement bien qu’on s’y croirait !! c’est superbe (surtout la nuisette noire aie je craque)

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