Love Loewe

Nombre d’entre vous m’ont vue déjà, subrepticement glissée au milieu d’un article de Betty…

C’était samedi soir, mon premier défilé, pour assister à la présentation de la collection Loewe, dans le cadre fastueux de l’Université René Descartes, rue de l’Ecole de Médecine, sixième arrondissement.

J’aime cette ville et ce que ses ruelles recèlent !

Expérience de rêve éveillé : sans m’en rendre compte, sans le réaliser encore maintenant, j’étais dans la place…

Derrière la façade endormie, les lourdes portes de bois ouvertes pour nous, Paris scintillait, à la lueur de milliers de bougies, disséminées dans la grande cour d’honneur et ce que j’appellerais la « salle de bal » attenante.

Là officiaient des valets en livrée blanche.
Ils virevoltaient dans une chorégraphie magique, au milieu des statues, servant sur de petites tables rondes et marbrées, aux initiées comme aux débutantes, cappuccino, thé, ou bouillon (si !), indiquant à chacune la chaise précieuse et capitonnée sur laquelle se poser, en souriant.

Le tout orchestré par l’œil aguerri mais si doux, d’une Constance à la baguette magique invisible et aux mots murmurés, élégante et sobre, discrète dans le décor glorieux, pourtant présente pour chacun, dans une effervescente évanescence, transformant ce moment de stress ultime en évidente nonchalance…

Ainsi, avant le lever de rideau, l’attente fut douce comme la température de ce soir-là, l’été revenu l’espace de quelques heures, juste pour l’occasion.

Tintements légers de la porcelaine des tasses dans lesquelles tournent les cuillers, conversations feutrées, bourdonnement léger de libellules…

Noir. Silence. Souffle retenu à l’unisson. Yeux grands ouverts et pupilles dilatées.

Lumière des spots aveuglants sur le catwalk central (la pupille s’adapte tant bien que mal).

Musique saccadée remixée qui annonce puis accompagne le spectacle.

Ebahissement et soupirs, flashs des photographes, révérence du créateur en catimini sous les applaudissements.

J’ai constaté alors une étrange similitude entre un défilé de mode et un match de foot : si l’ambiance sur place est indescriptible et sublime, ce n’est nettement pas le meilleur endroit pour voir l’action.

Ainsi donc, lorsque le véritable ballet a pris fin et que la lueur est redevenue pâle sur le tapis vide, les robes avaient passé dans mon champ de vision à vive allure, puis s’en étaient allées.

Me restaient des tâches de couleurs, des impressions, soleil couché : surprise, joie, chaleur, jeunesse… et quelques images incrustées : là un trench en peau rose flash, ici un petit Amazona beige gainé de cuir rouge vif, une robe finement ciselée, des lunettes papillon, de larges bracelets dorés, de si longues et lisses queues de cheval ondulant aux rythme de ces interminables jambes…
Tout se mêlait. J’avais l’esprit flou. Je pensais gaité, matières hallucinantes, réinterprétation des classiques maison très réussie, pièces incroyables et Wow, tourbillon indescriptible… et je ne pensais même plus. Je respirais, de nouveau.

C’est le moment que j’ai préféré, la tension évanouie, la salle vidée peu à peu.
Nous avons traîné tous les trois… pour nous imprégner encore de la magie du lieu, prendre des photos, tester la douceur de la moquette, admirer les détails du décor, les jolies malles en équilibre.

Un événement inattendu nous a fait rire : des asiatiques prenant la pose, rassemblés en une fraction de seconde sur un mot à la cantonade, comme un seul homme, en une photo de groupe parfaite, têtes alignées parallèles sur trois lignes, dans un mouvement de synchronisation qui m’a laissée pantoise et penser que ce pourrait être une discipline olympique. Clic-clac, sourire général et ils se dispersent.

Je vous assure que vu de face, ça donnait LA photo nickel…

Une hallucination partagée par Betty, les yeux écarquillés. Elle témoignerait.

Que vous dire de Betty ? Elle est comme Paris et comme une italienne, surprenante, pétillante et belle.
De près, quelque chose de Monica Bellucci dernière pub Dior, fraîcheur en plus et lumière intérieure qui irradie, intimidante et timide Miss Betty… désarmante de gentillesse, couvée du regard par son prince dandy en armure Ruby et au style impeccable : on en trouverait un identique chez Oscar Wilde, « An Ideal Husband », version revue et corrigée printemps-été 2011, Mathieu.

Pouvais-je rêver meilleure compagnie ?

Nous avons dit au revoir à Constance et à très bientôt… et avons retrouvé Lancelot.

Mon chevalier avait préféré veiller dans l’ombre et attendu que nous sortions de l’antre infernal de la mode pour nous inviter à boire un verre, fendant, la foule, ouvrant galamment (de la reine ?) la route à nos compensées vertigineuses vers le Danton.

Une parenthèse enchantée, des présentations, quelques confidences, un debriefing, un immense merci, et nous nous séparions pour enfourcher chacun nos montures motorisées et filer dans l’air de la nuit blanche parisienne.

Fondu enchaîné, générique.

Attendez !

Je voulais vous expliquer Loewe, vous dire pourquoi, comment j’aime cette marque… J’avais préparé des images de la collection Icons, si noire. Ce sera pour un autre jour.

Je vous invite plutôt à lire le billet de Betty, et à courir derrière elle pour suivre ses prochaines aventures, chez Chanel par exemple… à regarder le reportage de Mathieu sur le blog d’Ykone : lui sait prendre des photos !

Puis à faire comme moi, redécouvrir cette collection dans le détail sur internet, la caresser des yeux en attendant mieux.

Même si, en fin de compte et croyez-moi sur parole, le cuir de Loewe se savoure avec les doigts.
Je l’ai touché.
En fermant les yeux, mes mains s’en souviennent et tout mon corps frémit.
Comment vous expliquer ?
Métaphore gastronomique : il y a entre le cuir habituel et le nappa espagnol Loewe la même différence qu’entre la semelle de Charlie Chaplin dans « La ruée vers l’or » et une tranche de bœuf de Kobé, massé à la bière, si tendre qu’il se découpe comme une pomme caramélisée de tarte tatin, avec le côté de la fourchette… Il est fondant et souple et doux.

On en rêverait…

Alors ai-je rêvé tout cela ? Très probablement.

J’aime la réalité altérée mais si puissante des rêves.

C’est Loewe qui les habite et les habille, pour aujourd’hui…

Anne

Liens : Le site officiel de Loewe
Le Blog de Betty et son billet sur cette soirée
Le blog de Mathieu et son article pour Ykone

Une réflexion sur “Love Loewe

  1. alexia dit :

    Quelle jolie histoire! C’est vrai que les trench, les petites robes… donnent des idées! Tu as de la chance d’avoir pu converser avec la jolie Betty aussi, bonne journée anne (je déprime personnellement de ce temps pluvieux)

    • Oh non Alexia ne déprime pas !
      C’est quand il pleut qu’il est bon de penser au soleil et aux couleurs flashy…
      Et puis on peut chanter sous la pluie aussi et faire des claquettes dans les flaques.
      Moi j’aime bien 🙂
      Bisous

  2. clara dit :

    Anne , quel bel hommage rendu à cette marque classe , discrète et sobre à la fois , je connais les cuirs que tu évoques : une 2ème peau !
    un grand bravo à Constance , le charme de la pierre , les bougies , les tables bistrot « en terrasse « et en association aux chaises napoléon III …à travers les photos se devine une ambiance toute particulière et inattendue qui ajoute au charme du défilé !

    • Merci Clara !
      Je ne crois pas que Constance soit la seule derrière tout ça, mais c’est vrai qu’elle a magnifiquement organisé les choses…
      Un petit coin de paradis dans Paris.
      Veinarde de connaître le cuir Loewe 😉

  3. Eudoxie dit :

    C’est vrai ça.. j’ai toujours été impressionnée par la vitesse à laquelle passe un défilé. A peine le temps de voir passer les silhouettes que c’est déjà fini. Le mieux c’est de s’engouffrer en backstage ensuite pour pouvoir toucher, regarder. Quant à Betty, je ne la connais pas vraiment, elle a l’air ravissante, je vais voir chez elle! See you my Dear Anne! Et reviens nous vite après ta balade le nez au vent derrière ton chevalier servant

    • Coucou Eudoxie !
      C’était ma première fois et j’ai trouvé cela magique. Mais c’est vrai que les vêtements ont défilé trop vite. On ira les voir de plus près !
      Cours chez Betty, elle a l’art de mixer un sac YSL et un tshirt Topshop comme une évidence. Je la soupçonne d’être tombée dans le chaudron de la mode quand elle était petite 😉

  4. Apparemment une soirée inoubliable et de plus en bonne compagnie. Vous êtes adorables toutes les deux. Le défilé est sublime, des couleurs pastels et chatoyantes, je note que l’escarpin pointu est réellement de retour, mais le plus beau quand c’est Betty et toi, ma photo préférée, si si suis sincère !! 🙂 🙂

    • C’est trop gentil !
      Mathieu fait de très jolies photos… Je les lui aurait bien toutes chipées, mais je préférais vous envoyer les voir dans son article, comme un prolongement de l’expérience ici, en beaucoup moins flou !
      Je garde précieusement la photo de Betty avec moi. C’est un peu ridicule à mon âge mais je suis fan, j’avoue.

  5. Tea time dit :

    Un seul mot me vient à l’esprit en te voyant sur la première photo « Elégante. »C’est peut-être vieillot comme expression mais je n’en touve pas d’autre.
    Tes chaussures, elles viennent de chez l’ami Rupert?

    • élégante ? vieillot ?
      Oh non, c’est le plus beau compliment que tu puisses faire.
      Je ne sais s’il est mérité mais je le savoure tout de même.
      Oui, mes compensées sont des Rupert Sanderson (soldes de cet été).
      Il ne faut pas que je m’approche de la nouvelle collection, je fonds devant certains modèles comme neige au soleil.
      Et la boutique est si agréable…
      Bon ok, j’irai tout de même, juste regarder !

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