Boxeuses par Serge Lutens

Difficile de vous parler de ce qui n’est pas (encore) palpable via internet : les odeurs !

Pourtant je l’ai fait déjà, pour Bas de Soie, devenu depuis MON sillage.

Il ne faut jamais perdre espoir et après 15 ans de fidélité à une Empreinte, j’ai changé de parfum, changé de peau en quelque sorte… je me suis métamorphosée.

Si vous relisez ce que j’en disais alors, vous comprendrez pourquoi je vais en Bas de Soie aujourd’hui. Je me suis enivrée toute seule, d’un alcool Lutens.

Serge Lutens est un personnage à part dans le monde de la parfumerie, un énergumène charmant.

Nous avions fait son portrait, après avoir visité ses Salons au Palais Royal.

Et si je vous mets tous ces liens, c’est que le billet d’aujourd’hui est un autre épisode de mon histoire avec Monsieur Lutens.

Galant, il me fait porter ses nouveautés, m’envoie ses communiqués et je vous les transmets, librement, pour le simple bonheur de retrouver les mots décalés de ce parfumeur qui ne l’est pas moins.

Lisez plutôt :

Avant même de renifler le parfum, je me laisse aller à une rêverie…

J’imagine Serge coachant ses boxeuses. Il a le visage de Clint Eastwood et elle vaut son Oscar d’or (Million Dollar Baby).

L’odeur se fait jour, dans ma tête, d’abord curieuse, suspicieuse, méfiante, qui tourne autour du pot.

Puis piquante, comme une abeille.

Une odeur de baume camphré et de sang…

L’odeur d’une femme qui cache sa peur, la surmonte. Une trace de fauve, un œil de tigre.

J’ai bien failli vous mettre la BA de Rocky IV mais finalement pas cette fois : restons sur Hilary Swank.

Le temps passe, le sang coule, la sueur perle, se mêlant à celle de l’autre, et aux précédentes, de tant de combattants sur ce même ring, dans cette même salle…

Les spectateurs portent Cologne et fument le cigare. D’autres, au fond, sentent le labeur et l’alcool, les cris de rage, la catharsis du KO.

Le parfum de mon imagination devient un trop plein de choses, il m’agresse, me cogne.

Je fais le vide.

Dans les vestiaires, l’air s’est refroidi, même si les muscles restent brûlants des coups reçus.

Boxeuses, dans l’après-match, prend son vrai visage, celui de la victoire, et celui du doute, de la libération et de la douleur, de l’anticipation déjà, du prochain adversaire.

Un parfum compliqué. Vous sentez un peu ?

J’ai un round d’avance sur vous : je peux sortir maintenant ce flacon de sa jolie boîte noire :

La robe est rose thé, surprenante.

J’ouvre et je colle l’extrémité du cabochon de verre sur mon poignet.

Je respire profondément.

J’ai bien fait de vous en parler avant : il n’est pas racontable !

Sucré comme une pâte de fruit rouge, ou un bonbon de mon enfance coquelicot, presque écoeurant, une seconde.

Instable, il se transforme.

Entêtant toujours, il perd de sa douceur pour aller vers la cire, le tabac… Il pique, comme prévu.

Mais il ensorcelle aussi.

Il va changer encore, aller lentement vers l’effluve inconnu, inénarrable et beau, gagner en légèreté, tout en restant brûlant, presque caramélisé.

C’est un parfum courageux et désespéré, doucereux, une caresse, puis cinglant comme une gifle.

Il me fait penser à Annie Girardot, dans Rocco et ses frères.

La vraie boxeuse, c’était elle.

Un parfum qui fait mal et enrage, comme les blessures d’un homme qu’on aime.

Son visage, exactement, sur cette photo précise.

Il lui va comme un gant.

Plus, elle mérite le flacon gravé en édition limitée, précieux :

Une fois encore, MERCI Monsieur Lutens.

Il n’y a qu’avec vous que je voyage vraiment. Vous me transportez.

Anne

Lien : Le site de Serge Lutens

Une réflexion sur “Boxeuses par Serge Lutens

  1. La Mère Joie dit :

    Incroyable ! Lutens me tue. Sais-tu que je suis une fan absolue de boxe (sans être boxeuse moi-même) ?

  2. MrsB dit :

    Magnifique film Rocco et ses Frères, et en chute de ton article me fait changer d’avis sur « Boxeuses ». Volte face inattendue car je hais la boxe et tout ce qui va avec, rien que le mot « boxeuses » me faisait fuir.

    Finalement j’irais le respirer…quand à bas de soie, si c’est devenu ton sillage, je comptais en faire mien juste pour une phrase que tu as écrite pour moi sans le savoir. 😉
    Oui, oh les digressions, les digressions me perdront, je le sais bien.
    Donc, s’il est devenu ta marque olfactive, je m’abstiendrais, pas que nous nous croisions dans les salons de thé, encore que ce serait loin de me déplaire, mais cela ne se fait pas de voler le parfum d’ une amie (même des sphères virtuelles).

    Je suis ravie que tu aies croisé les chemins de traverse de ce personnage énigmatique, Serge Lutens, une belle rencontre qui te sied à merveille.

    • J’écris TOUTES mes phrases pour toi, mais je suis curieuse de savoir laquelle en particulier 😉
      En tous cas, ne t’empêche pas pour moi de tenter Bas de Soie ! S’il y a bien un truc que je suis prête à partager, c’est ce parfum…
      Il change tout le temps et sur chacun !
      Il faut du temps pour l’apprivoiser, mais l’as-tu senti au moins ? Il te plaît ? Fonce !
      Ce ne serait pas du vol, ce serait comme d’être soeurs virtuelles, merveilleux…

  3. VGD75 dit :

    Curieusement, moi qui suis une fan absolue de parfums, j’ai un peu de mal avec ceux de Lutens. Je les trouve un peu trop sophistiqués pour moi. Il va quand même falloir que j’aille faire un tour au Palais Royal un jour pour éventuellement changer d’avis 🙂 .

    • Oh oui, vas-y… c’est une initiation.
      Curieusement, je ne suis pas fan de parfums. Accrochée à mes habitudes, rassurée par elles.
      Mais Lutens, c’est différent… sophistiqués peut-être, étranges, qui n’ont pas peur de déplaire, un instant pour te cueillir le suivant.
      Je pensais les aimer sans être capable d’en porter un.
      Pour moi, un parfum me va quand je me perds dedans en le mettant et que 5 minutes plus tard je ne le sens plus, incapable même de me souvenir si je me suis parfumée ou pas.
      C’est mon test suprême. Bas de soie a mis des jours mais l’a passé 😉

  4. virg dit :

    Quelle chance tu as… ca doit etre tellement bien de recevoir des merveilles de M. Lutens ! En tous cas, tu fais un sacre porte parole car a chaque fois j’ai envie de decouvrir le nouveau jus !

    • J’avoue que j’ai sautillé pas mal en recevant les deux derniers dont je vous ai parlé 🙂
      Merci pour ce que tu dis… ça me fait tellement peur de parler de parfum alors que c’est super intime un parfum, ça ne se choisit pas sur des mots. Mais si les miens t’ont donné envie d’aller renifler, je suis ravie.
      Préviens moi si tu veux et je t’y accompagnerai avec plaisir !
      Je vais au Palais Royal dans une heure justement rencontrer Monsieur Sanderson… je ne sais ni comment m’habiller, encore moins quelles chaussures adopter. Il pleut. Mais j’emporte mon appareil. Et s’il y a trop de monde, je me réfugierai dans les Salons de Monsieur Lutens.

  5. dahoé dit :

    bon sang mais c’est LE parfum pour ma Panzanita !!! faudra que tu en touches un mot à Mister Lutens, dis lui que tu connais un « poids coquillette » qui collerait à merveille à l’image de son nouveau jus ! quoi, comment ça, pas assez glamour Panzanita ? j’sais pas ce qui vous faut … gros bisou !

  6. MrsB dit :

    @ Anne, c’était cette phrase : Citation : « Une seconde il exhale la propreté aseptisée d’une aristocratie guindée, la suivante le stupre de la même lignée, débauchée. »

    Non je ne l’ai encore ni respiré ni porté, j’ai la certitude que ces fragrances m’ iraient par une sorte de filiation, le pouvoir des mots est impressionnant n’est ce pas ? 🙂

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