L’étrange histoire de Wave

Vous avez peut-être lu la nouvelle ces derniers jours, Google a annoncé l’arrêt prochain de Wave, cet outil n’évoluera plus. C’est étrange, on en entend presque plus parler lors de sa fermeture que lors de son ouverture.

Pourtant, entre mai et septembre 2009, soit entre l’annonce et l’ouverture de ce service, l’attente avait été fébrile. Début octobre 2009, Wave étant ouvert uniquement aux heureux élus disposant d’une invitation, celles-ci se négociaient tout de même jusqu’à $ 70 sur eBay.

Avant d’essayer de comprendre ce qui a pu provoquer cet « échec », un petit rappel sur les fonctionnalités:

Wave était censé devenir à la fois l’email et la messagerie instantanée du futur, l’idée étant en gros de fusionner ces deux types d’outils en un seul. De plus, Wave permet(tait) de participer à une conversation à 2 ou plus, de façon simplissime, contrairement à l’email ou MSN ou les conversations à plus de deux sont possibles mais pas évidentes.

L’outil était à la fois présenté comme un outil de messagerie, de collaboration, d’annonce, bref, une sorte de couteau suisse de la communication. Développé par la même équipe qui avait développé Google Maps avec le succès qu’on connaît, tout semblait aller pour le mieux.

D’ailleurs, pour celles et ceux qui n’en auraient jamais entendu parler, voici l’annonce de mai 2009 en vidéo:

Alors, qu’est-ce qui a foiré?

Selon moi plusieurs choses, mais avant tout le fait d’avoir conservé cet outil séparé de gmail. Avec plus de 170 millions d’utilisateurs, si Wave avait été ajouté comme fonctionnalité à gmail, il y aurait vraisemblablement eu beaucoup plus d’adeptes. Moi par exemple, l’idée de devoir ouvrir une adresse Wave différente de mon adresse email, puis reconstituer un carnet d’adresses séparé contenant celles de mes relations l’utilisant aussi, m’a énormément ralenti.

Toute personne travaillant sur un ordinateur toute la journée est confrontée à la multiplication des outils et des fenêtres, dès lors,  s’il demande d’ouvrir des fenêtres additionnelles et de s’identifier quelque part, il faut vraiment que la valeur ajoutée soit importante pour qu’un outil soit adopté.

Ensuite, la question des droits d’accès. J’ai bien tenté d’utiliser Wave pour travailler, a priori l’outil était parfaitement indiqué pour la collaboration entre membres d’une équipe, sauf que là où ça coinçait, c’est qu’à partir du moment où une personne avait été ajoutée à une wave, elle avait tous les droits en écriture et modification.

Impossible donc de créer des waves où seules quelques personnes pouvaient écrire et beaucoup d’autres lire.

Pour terminer, Wave n’a été intégré que tardivement aux comptes Google Apps, ce qui a freiné encore l’élan des nombreuses entreprises les utilisant.

A titre de comparaison, même Google Buzz, malgré la polémique déclenchée lors de son lancement au sujet de la protection de la vie privée, en étant d’emblée intégré à gmail a rencontré un plus vif succès.

Alors on peut se demander pourquoi Google n’a pas fait plus d’efforts pour rendre Wave séduisant, les problèmes ci-dessus étant a priori simples à résoudre.

C’est à se demander si ça n’était pas fait exprès.

En commentant l’annonce de l’arrêt du développement, Eric Schmidt, CEO de Google a souligné qu’il considérait Wave comme étant un « produit très intelligent », et a précisé également que Google « célébrait ses échecs. C’est une société dans laquelle il est permis d’essayer quelque chose de très complexe, ne pas rencontrer le succès, en tirer des enseignements et les appliquer à d’autres nouveautés ». Il a également ajouté que « Google tirera un bénéfice de l’expérience Wave, mais ce ne sera pas un produit séparé ».

De là à imaginer que Google a utilisé Wave comme un labo expérimental pour tester des nouveautés, recevoir le retour d’expérience des utilisateurs, puis dans un second temps intégrer ces nouveautés dans ses produits gmail et Google Apps qui sont eux bien installés dans les habitudes des internautes, il n’y a qu’un pas que je serai bien tenté de franchir.

L’idée de pouvoir faire tester une idée par des centaines de milliers, voir des millions, d’utilisateurs sans s’engager, puis en tirer des conclusions et seulement ensuite les appliquer à de vrais produits à de quoi laisser tout développeur rêveur, non? 😉

A suivre donc…

Paolo

Une réflexion sur “L’étrange histoire de Wave

  1. Oui… mais NON !
    Là tu as l’air super positif. C’est triste quand même !
    Par exemple moua, qui n’est pas de compte gmail, et ne sais pas ce qu’est Google Apps (ouille ouille ouille…), et ben je faisais partie des élus !!!
    Parfaitement, j’avais un compte googlewave, j’ai fait trois waves !
    NB : Je précise pour tout le monde qu’évidemment je n’aurais pas pensé à aller sur ebay ou même à demander, encore moins à désirer faire partie de ce projet si Paolo ne m’avait gentiment mise dans ses premiers invités ce qui a fait de moi une pionnière en matière de geekerie.

    Sur le coup quand j’ai eu mon compte j’étais toute joyeuse et je croyais que ça faisait de moi une minigeek en devenir ce truc… même Lancelot a dû attendre plus longtemps pour avoir son compte :p

    Je l’admets : si j’étais VRAIMENT geek, je n’entendrais pas parler de la mort d’un projet dont au sujet duquel je faisais partie un samedi matin, ici. Je me serais connectée à Googlewave au moins une fois dans les derniers jours / semaines / mois…

    Mais aussi il faut préciser, personne ne répondait à mes waves !
    Mais c’était chouette de mémoire, vraiment très intéressant 😉
    Merci Paolo !

    Je suis prête à intégrer tout programme de recherche geek sur cobaye non-geek que tu voudras lancer toi-même ou dans lequel me prendre avec toi ! We’re a team !

    Bisous
    Anne
    Wave à la manière d’Elizabeth II … wave intemporel et chic donc

  2. Ah, tu vois Anne, tu mets le doigt sur le problème. Tu dis ne pas avoir de comtpe gmail, et pourtant si, tu en as un, car l’email @chicandgeek.com est géré par gmail for your domain.

    Du coup, si dès le début on avait pu avoir Wave intégré à l’email chicandgeek.com, peut être aujourd’hui nous l’utiliserions encore…

  3. Mais ils ont déjà une communauté de beta testeurs chez Google, quel intérêt alors de lancer un produit juste pour le faire tester en masse ?
    Perso, je n’y crois pas car cela leur fait perdre de la crédibilité. Au bout de plusieurs produits lancés puis arrêtés les internautes vont cesser de s’y intéresser et plutôt attendre de voir si le produit rencontre le succès ou non, tu ne crois pas ?

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