Semana Santa oblige: j’attendais un Miracle.
Pas une moitié de miracle à la sauce marketing sur fond de made in China, un vrai truc grand, beau et fulgurant, une sorte de nouvelle religion de la maroquinerie.
J’arrive, 11 rue de la Sourdière chez la Contrie pleine d’espoir et sûre de trouver la Révélation à 100 mètres de chez Colette. Première onde de choc: Edwina de Charette herself, fondatrice de la marque, au nom historique et rebelle. Je l’imaginais distante de manière très maîtrisée, aussi parfaite que les sacs de sa création. Je me retrouve face à un Kersauzon au féminin. Tempérament trempé, verbe affirmé, énergie communicative, façon navigatrice à la tête d’un voilier racé.
Deuxième onde de choc: la boutique-Atelier. Ce petit temple chic, à plancher de chevrons mural, minimaliste avec son escalier blanc hélicoïdal façon Corbusier. Des sacs bijoux fixés au mur comme de petits tableaux géométriques et colorés.
Comme un artisan d’antan, Edwina m’accueille en tablier gris. Je remarque son pantalon de soie à motifs cachemire, hyper-habillé, et sa paire de Nike série limitée. Comme si l’ensemble délivrait un code. Le code moderne de la Contrie: l’ultimement design, fabriqué à l’ancienne en plein Paris. Finalement c’est très subversif ce made in Paris. Je me sens prête pour cette nouvelle religion.
L’équipe travaille en atelier. Nous descendons, pour arriver dans une enfilade de pièces voûtées. Edwina s’installe sur son bureau sombre à dorures et revêtement de cuir. Meuble sublime. Derrière une baie vitrée travaillent Valérie et Jérémy. Les cuirs en rouleaux débordent d’une étagère. Je me surprends à avoir envie, de couleurs, d’assemblages possibles, de peaux douces, piquetées ou vernies.
Les mains coupent les pièces de cuir. Frappent avec de petits marteaux de bois. Encolent au pinceau. C’est un ensemble de sons, de couleurs, d’odeurs. Un rythme accéléré puis ralenti pour décider au plus près de la couleur d’un fil. Chaque geste, chaque instrument, chaque coup de main fait sens. Je n’en saisis pas la finalité. Je me sens trop nouvelle. Il me manque les termes, la connaissance. La base. Le catéchisme qui me permettrait d’apprécier le travail en véritable initiée. Misère, je ne m’y connais pas plus qu’une enfant de trois ans.
Pour accéder complètement à la mystique, je me vois déjà franchir les étapes nécessaires à la création d’un sac. My own. Le seul, l’unique. Le sac Eudoxie. Lourd de sens. Le jeu serait de pouvoir l’aimer toujours, même encore dans trois cents ans. Faire un choix parmi les nombreuses couleurs et textures de peaux.
Savoir attendre, un mois si ce n’est plus. Il faut le mériter. Connaître le prix d’un travail fait main, avec art et patience. Je suis déjà sur une planète lointaine à tenter d’imaginer un sac à la hauteur. Un petit Rohan à l’arrondi bien proportionné, un très petit rectangle Casanova….
J’assemble dans mon esprit des matières opposées, croco vernis / nubuck, je fais mon puzzle de couleurs: bleu azur / rouge vif / Noir, un blason marqué à chaud comme sur le sac d’Inès… Je me repais à regarder les propositions de cuirs et de détails sur le site… Pire que Candy Crush.
Il va me falloir du temps, cependant un jour viendra où je passerai la porte pour parler du mien, c’est cousu de fil blanc. Je vais pouvoir entamer un long cycle de prières du soir.
Pour vous infuser plus complètement de cette atmosphère, voici une vidéo qui présente la Contrie à la fois de manière poétique et détaillée.
Eudoxie
La Contrie: le site
La Contrie sur facebook
L’article précurseur d’Accro de la Mode.
Tu sais, ce petit coup au cœur que tu as, quand tu viens de rencontrer la Beauté, celle qui t’enlève les mots?
Je viens de l’avoir en regardant ces sacs en cuir sublimes…
Oui je vois, pour moi, j’ai eu plus bassement gravement envie de couper dedans )
Wouahh tu m’as fait rêver… Et ce bureau….
Tu es toujours aussi douée ma chérie
Je vous embrasse
Le bureau…. il t’aurait tellllement plu. Mais pas que. Connaissant ton goût assuré en matière de sacs..
tu me fait rêver
et tes dessins sont toujours aussi beaux
gros gros bisous ma belle d’amour
Merci Chacha! J’ai essayé de rester discrète avec mes dessins pour ne pas les gêner dans leur travail. Je crois que je n’ai pas complètement réussi.
C’est sublime ! çà donne vraiment envie d’avoir un sac la Contrie….et superbes dessins !
Mais oui, ça change tellement de tous ces modèles tout prêts. Tellement peu faits pour nous finalement.