Emilio Robba, illusionniste

Chose promise, chose due.

L’autre soir, Galerie Vivienne, je frétillais sur le gazon au son d’une musique tzigane.

Je ne vous oubliais pas pour autant puisque j’avais repéré un lieu de perdition totale où vous emmener…

J’ai rendez-vous avec Greg, au numéro 29.

Allons-y ensemble, voulez-vous ?

Batterie de l’appareil photo rechargée, en mode reportage super professionnel, Vivienne, nous revoici !

La pelouse a disparu, le printemps se cache, mais la porte est bien là, celle du showroom d’Emilio Robba, Fleurs d’Illusion.

Fermée.
La boutique principale est sise 63 rue du Bac, Paris 7
Mais c’est définitivement le showroom que je veux vous montrer et quelques secondes d’attente avant que Greg n’apparaisse, marinière et baskets, lunettes rouges et sourire enjôleur !
Youpi !

J’entre donc dans ce temple de la fleur plus artificielle que Nature, plus écolo aussi…

Alors là je laisse ouvert le débat. Me direz-vous comment une fausse fleur en tissu, polymères etc peut être plus écolo qu’une fleur, une vraie ?
Et bien ça dépend…
Pas plus écolo qu’une fleur des champs, mais celles que trouvez chez votre fleuriste ont nécessité des litres d’arrosage, des transports souvent par avion, des engrais etc. pour quelques jours de plaisir. Celles que vous verrez ici durent des années, sont transportées en bateau…
Bref, ça se discute !

Personnellement, je suis avant tout bluffée par l’esthétisme de la place.

Les fleurs coupées sont impressionnantes… de surréalisme.

Les bouquets dégagent une harmonie digne des plus grands de l’art floral…
Ah oui, Emilio Robba a commencé par être un artiste floral, spécialiste de l’orchidée, fasciné et fascinant, surdoué.
Pas étonnant donc que ses moindres bouquets soient équilibrés !

J’en voudrais un rouge.

Et puis il y a aussi des vases, des bougies, des parfums, pour que le tissu des pétales embaume tel un jardin magique…

Mes hortensias sentent l’Eau d’Hadrien, et alors ?

Sous l’œil bienveillant de Greg, je plonge le nez dans le cœur jaune d’une blanche tentatrice épanouie.
J’inspire à fond… Je suis partie ! Mode pro off.
Anne au Pays des Merveilles.

Tiens tiens, le mur est recouvert de mousse sur plusieurs mètres carrés.

Verticalité verte, je suis sens dessus dessous.

A peine ai-je formulé dans ma tête une envie de me (re)poser qu’apparaissent chaise de mousse et baldaquin hospitalier…

A gauche, le grand escalier.
Je le descends telle une reine des renoncules, une princesse du petit pois de senteur.

Et j’arrive dans ce qui n’est pas, mais alors pas du tout un sous-sol de boutique !

Hauteur de plafond voûté, labyrinthe de galeries. Où sommes nous ?

Dans les anciennes écuries du Palais Royal, peut-être une portion du souterrain secret qui rejoint le Louvre… selon que vous choisissez de prendre à gauche ou à droite de la signalisation ésotérique en forme de grappes d’orchidées sur branches de palmiers.
C’est confusionnant non ?

J’erre de couloirs en galeries et partout règne la volupté d’une forêt touffue, luxuriante, et luxueuse.

Des recoins d’ombre, alcôves artificielles, offrent le luxe d’un mobilier insolite, inspiré par la Nature et façonné pour la glorifier.

Les photos d’Emilio accompagnent ses sculptures florales, généreuses, ici en bouquet foisonnant.

Les cactées, le buis ou le cyprès boule, une palmeraie… dites moi où, en quel pays j’ai atterri.

De gigantesques feuilles émeraudes me parlent des langues étranges.

Monterais-je à l’échelle vers nulle part ? Gregory, où es-tu, mon lapin blanc ?

Dois-je croquer dans un arum en caoutchouc pour te voir apparaître ?
Je suis perdue dans le dédale… le temps n’existe plus.

La voilà ma douce Ariane, avec son fil de métal enroulé en divin divan.
Elle m’attendait, assoupie.

Prête moi ta place Greg !
Jouons aux chaises musicales et laisse moi marquer mon dos, mes cuisses, mes fesses, des enchevêtrements géométriques de cette couche improvisée.

Le brouillard se dissipe et des contenants capitonnés gigantesques, tels des cornes d’abondantes inflorescences, nous guident vers la sortie.

Une fois le rez de chaussée retrouvé, comme un plancher des vaches, je peux enfin vous expliquer… rien en fait.

Allez sur le site d’Emilio Robba si vous voulez vraiment savoir pourquoi et comment il crée tout ça (Le Meurice, les yachts, des photos sublimes, des jardins impossibles, à Paris, Dubaï, au Maroc ou au milieu de l’Océan pacifique, il fleurit le monde entier…).
Je nourris l’ambition maintenant dévoilée de vous faire son portrait, l’âme du lieu, le phénix des hôtes de ces bois.

Ici, profitons encore un instant du mystère d’un vase grillagé… et du sourire de Greg.

Il aime les hortensias ! Moi aussi… tellement.

J’admire encore le coin boutique de fleurs à arranger et je caresse leur délicatesse.

Avant de partir, j’embrasse mon magicien lapin malicieux, et lui me tend un si joli bouquet, enrubanné dans du papier de soie blanc…
Comment refuser ?

Il est là, sur mon bureau, évocation d’un printemps automnal dans ses couleurs, éternel, une illusion, un mirage.

Si je l’écoute, le tic-tac d’une montre-gousset m’appelle.

Anne

Liens :
Emilio Robba Site officiel
Blog beau et décalé de Greg

15 réflexions sur “Emilio Robba, illusionniste

  1. j’ai craqué pour la grosse grappe de pois de senteurs et pour toutes ces magnifiques
    fleurs blanches !
    le sous sol est drôlement vaste ! c’est vraiment un bel endroit…
    merci, anne, pour cette ballade fleurie…

  2. Gac dit :

    Rien à ajouter. Un simple merci :  » MERCI ». Encore une évasion, une fuite.
    merci.

  3. charlotte dit :

    C’est magnifique,après le paradis de Djordje, tu complètes ta galerie fleurie… mais avant que j’envoie Nicolas là-bas, tu peux me donner un ordre de grandeur pour les prix?

  4. VGD75 dit :

    Voilà la solution a mon côté « I kill the plants ». Il faut que j’aille y faire un tour. Merci pour le tuyau.

  5. Je n’habitais pas très loin du magasin principal rue du Bac au temps de ma jeunesse – il y a une quinzaine d’années. Je passais devant pour aller à l’université. Cela fait donc longtemps que j’admire le travail d’Emilio Robba mais je connaissais pas les fausses palmes de camerops ! Je trouve que ces fausses fleurs marchent très bien pour rehausser un bouquet qui commence à faner ou qui s’est déplumé.

    http://davidikus.blogspot.com/

  6. clara dit :

    … le ton poétique,les mots,leur résonance dans ce pays magique . Encore merci!

  7. Dori dit :

    Effeuiller un post, pétale à pétale, se gaver de couleurs et de risettes. Fake flowers chic power ; )

  8. C’ést un travail élégant et gracieux! Cela change tant des affreuses fleurs artificielles vendues dans les années 80.

  9. quelle fleurs blanches ravissantes! les pois de senteurs, l’échelle recouverte de mousse, tu viens de m’offrir une bouffée de paradis, parce que ce show room est vraiment paradisiaque et les compositions sont merveilleuses!

    merci pour ce joli partage qui m’a bien fait rêvé

    bisous

  10. Scheuer-Le Bret Véronique dit :

    Douceur, harmonie, authenticité, galerie enchanteresse; merci.

  11. mirianne sonderegger dit :

    je souhaiterais voir les roses blanches. Décoration du bateau le Soléal compagnie « du Ponant »

  12. nortier dit :

    Je pensai le faire…l extérieur a l intérieur ,a force de penser quelques un d autre la fait, bravo c est splendide et merveilleux ,j adore sur les meubles…

  13. monique Fontenoy Lyon dit :

    depuis ses debuts, je le connais, et chaque fois que je monte à Paris, je lui rend visite……ce sont des salons resplendissants. Cest vrai il est l’illusionniste des fleurs et des plantes ….ce sont des merveilles de véracité.
    Dieu que c’est beau..De plus il est particulièrement charmant ……ses responsables….Auss 😉

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