Vous connaissez sûrement, au moins de nom, le Transsibérien, cette ligne de chemin de fer reliant Moscou à Vladivostok à travers la Sibérie, un parcours de plus de 9000 km jalonné par presque 1000 gares. Durée du voyage d’un terminus à l’autre: une semaine. Deux embranchements rallient Pékin, l’un, le Transmongol via Oulan-Bator, l’autre, le Transmanchourien en contournant la Mongolie.
Cette voie ferrée, comme presque toutes les autres voies importantes dans le monde date de la fin du XIX siècle et du début du XX.
Bien sûr, le chemin de fer a évolué, les trains sont devenus de plus en plus rapides, les voies de plus en plus modernes, et de nouvelles voies ont été posées au cours du XX siècle et le sont encore, mais si les temps de parcours ont été réduits, les tracés vraiment nouveaux sont rares, et souvent ne font-ils que doubler d’anciens réseaux existants, soit en voie plus rapide, soit via de nouveaux tunnels, comme les lignes TGV Françaises ou le nouveau tunnel du Saint-Gothard.
Le renouveau vient de Chine
La Chine a lancé un programme de construction de voies ferrées à grande vitesse totalement démesuré selon les canons Européens, voici quelques chiffres clés pour mieux vous rendre compte: 300 milliards de dollars d’investissements prévus d’ici 2020, dont 50 milliards juste cette année, 19 000 km de voies rapides à poser, 110 000 ouvriers travaillant juste sur la ligne Shanghai-Pékin, 400 000 sur l’ensemble du projet, et des trains roulant à 320km/h de moyenne (à titre de comparaison, le TGV fait ses parcours réguliers à des moyennes approchant les 280km/h).
Le gouvernement Chinois souhaite avec ce programme développer l’économie, d’une part grâce à cette injection massive de capitaux dans l’industrie, d’autre part en réduisant drastiquement les temps de parcours entre ses villes, le trajet en train de Pékin à Shanghai passant par exemple de 10 à 4 heures environ.
Là où ça devient vraiment intéressant, et où la réalité frôle la science-fiction, c’est que la Chine ne souhaite pas se limiter à ses frontières. Le gouvernement Chinois a annoncé cette semaine ce qui deviendrait probablement le plus vaste projet d’infrastructure de transports à l’échelle mondiale: la liaison par voie rapide de leur réseau en construction à l’Asie du sud-est et à l’Europe via notamment l’Iran, le Pakistan et l’Inde.
Les négociations sont apparemment ouvertes avec 17 pays, ces nouvelles lignes reliant à terme Pékin à Londres, à Singapour, au Vietnam, la Thaïlande et la Malaisie ainsi qu’à l’Allemagne via la Russie et la Sibérie.
Si ce projet vous paraît dingue, que direz-vous en apprenant que les autorités Chinoises souhaitent le voir réalisé en 10 ans?
Ce scénario ressemble singulièrement à certaines visions du futur familières aux amateurs de SF, et semble annoncer la fin plus ou moins proche du transport aérien, évidemment beaucoup plus difficile à développer si le pétrole venait à manquer sérieusement…
Il ressemble aussi étrangement à la conquête de l’Ouest américain, vous ne trouvez pas?
La question est donc de savoir si nous sommes face à un pari technologique, politique et économique des plus excitants, ou à la naissance d’une nouvelle ère de colonisation?
Paolo
C’est vraiment titanesque comme projet ! Comme le train est plus sûr et moins gourmand en énergie, ce serait peut-être mieux écologiquement parlant d’avoir un réseau ferré plutôt qu’un transport aérien.
en tout cas ça fait rêver