Jeux de Peau, Serge Lutens

9 novembre 2010, 11h, Paris, Salons du Palais Royal.

Entretien avec Monsieur Serge Lutens

Bonjour

Etonnement et curiosité de Monsieur Lutens face à l’enregistreur miniature que Lancelot m’a offert spécialement pour ce jour.

Comment allez-vous ?

Je suis un peu fatigué. Je déteste les voyages et Paris m’étouffe. Je n’attends que de rentrer chez moi, j’aime la lumière et le jardin, ou plutôt sa présence me suffit, car je n’en profite pas. Mais je l’ai créé, planté, pour m’isoler. Un jardin en ville.

J’évoque ma maman jardinière et nous parlons jardinage.

Avant que l’entretien ne débute, il me fait part avec beaucoup de courtoisie de sa peur que ses réponses ne me conviennent pas…

Je prends mes notes préparées et aborde le premier thème : Le parfum et la musique, Marcel Proust, lu par André Dussolier, la petite phrase de la sonate de Vinteuil « légère, apaisante et murmurée comme un parfum ».

Un parfum est-il un murmure ? parfois un cri ?

C’est une mémoire. Un parfum résonne. Le carré des 7 ans.
Après 7 ans, la mémoire olfactive, affective, auditive… tout est terminé. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on vive ensuite, sera conditionné par cette « boîte des 7 ans ».
Le parfum en soi n’est pas un sujet.
C’est tout un ensemble de choses qu’il véhicule.
Il ne peut être isolé de la personne, comment elle le vit, comment elle le sent, ce qu’il lui rappelle.
Cette mémoire est une résonance. Tout résonne, les émotions se reproduisent, qu’on le sache ou non.
Par exemple vous n’avez jamais senti la myrrhe mais en réalité si, sous une autre forme. Tout est moléculaire, se déplace dans d’autres matières.
Quelque chose qu’on aime, c’est quelque chose qu’on reconnaît, qu’on a déjà senti, autrement fait.

Pause pour saluer l’arrivée d’une seconde journaliste qui s’installe et écoute.

A 7 ans donc, tout est bouclé. Nos goûts, nos dégoûts, olfactifs et le reste. La personnalité est terminée.
Tout ce qui se passe ensuite est une caisse de résonance. Tout ce qu’on verra, voyages y compris, et qu’on croira découvrir, sera tout simplement un rappel de ce que nous aimons, détestons, haïssons.
D’ailleurs, il n’y a aucune raison d’aimer quelque chose. Il n’y a pas de choses bonnes en soi, ni de mauvaises en soi, il n’y a que des choses qui résonnent bien en nous ou qui résonnent mal, qui correspondent à cette première période de la vie.
Par exemple, il y a des gens qui aiment l’odeur de la vanille, d’autres la détestent. On n’a simplement pas les mêmes souvenirs. Il n’y a aucune raison d’avoir les mêmes sensations face aux mêmes odeurs, aucun lieu commun.
En même temps, tout est collectif. Il n’y a aucune différence intrinsèque entre vous et moi, mais une mémoire collective, comme une culture naturelle, en même temps que les souvenirs personnels.
Qu’est-ce qui, en chacun, va germer de tout cela ? Un écrivain, un peintre, une femme de ménage, un danseur… On ne sait pas ce qui va se passer avec une personne, mais c’est conditionné par cette boîte de 7 ans.
Ça peut être provoqué par une chose incroyable ou banale, improbable, mais qui n’a rien d’une harmonie.
L’harmonie est plutôt négative. Elle a tendance à trop apaiser.
Ce qui est intéressant, c’est une réaction. Une réaction crée une révolte, une révolution… en tous cas quelque chose. Ce qu’il faut c’est le déclic, qui n’est pas toujours affectif justement ou alors l’est terriblement, ça aussi c’est possible.
Il n’y a pas de généralités. Je ne peux pas en faire, surtout quand on parle de cette boîte de 7 ans.

– Mais vous pouvez parler pour vous…

Je ne peux parler que pour moi d’ailleurs. Je n’ai pas le talent de parler pour les autres. Je ne sais pas le faire.

– Pour décrire Jeux de Peau, votre dernier parfum, vous évoquez des souvenirs très personnels justement…

Mais pour tout c’est la même chose, à travers tout ce que je fais. Un parfum n’est pas un souvenir, c’est une résonance.
Un souvenir serait nostalgique. Or je déteste la nostalgie, parce qu’elle crée un regret et le regret m’ennuie. Ça engendre des larmes, je n’aime pas cela.

Vous n’aimez pas les larmes ?

Pour rien, non. Si on se fait mal, oui. Mais pas comme ça, simplement sur l’évocation d’une vapeur qu’on appelle la nostalgie. Je n’aime pas ça du tout. Je ne trouve pas ça positif, au contraire. C’est s’enfermer dans quelque chose du passé, pour ne rien sortir du présent. Un regret vous enferme.
Le regret ne crée pas… ou alors c’est Proust, mais ce n’est pas un regret chez Proust, c’est un narcissisme extraordinairement puissant, et d’une intelligence prodigieuse, d’une beauté incroyable (Il y a aussi de la beauté chez Genet, Mallarmé, Baudelaire…). La Beauté ne sort pas de la nostalgie. D’ailleurs je ne crois pas qu’il y ait de nostalgie chez Proust, plutôt un besoin de revenir sur lui-même, à travers les autres. Une recherche, c’est comme ça qu’il l’a appelée lui-même.
Il s’est usé à cela, n’a vécu que pour l’écrire.

Pour son œuvre, sa vie a-t-elle plus de valeur qu’une autre ?

L’œuvre est inimaginable, parce qu’elle résonne. On voit là que tout résonne. Il y a des pages absolument étonnantes, sublimes… et d’autres particulièrement ennuyeuses.
Tout auteur est condamné. Il s’accroche à quelque chose justement pour ne pas mourir. A partir du moment où il y une vocation, faire quelque chose c’est y être condamné. Vocation… on veut. On s’accroche pour ne pas tomber. Peut-être pour combler un vide, c’est possible.
Chez moi il y a un vide, c’est clair.
Pourquoi je fais ces choses ? Peut-être justement pour combler ce vide.

Que faites-vous en dehors des parfums ?

Ah mais je ne fais pas que des parfums ! Je fais des parfums de temps en temps… Créer des parfums n’est pas au centre de ma vie.
Ce qui est intéressant, c’est toute une chaîne de choses, mais je ne dirais pas que le parfum. On ne pourrait pas parler de la « passion des parfums », ça me ferait rire. Ça n’a jamais été ça. J’ai fait des parfums parce que c’était une écriture possible, parce que je pouvais m’en servir pour me raconter.
En fait, je ne fais pas partie de la Parfumerie Française, comme on dit, la Chambre Syndicale de la Parfumerie Française… l’idée me déprime ; je détesterais entrer dans une chambre !
Pour moi, ce n’est pas ça. Je traverse quelque chose : ou la violence, ou une histoire. C’est une écriture d’un moment. Mais en dehors de ce qui est déjà fait : ça je m’en fous, ça je m’en fous, et ça je m’en fous aussi complètement (NDLR : les différents flacons posés sur la table et le décor des salons). Une chose qui est terminée ne m’intéresse plus. Ma maison à Marrakech, ça ne m’intéresse plus, c’est derrière. Ce qui est fait est fait. Je n’ai absolument pas envie de revenir sur les choses qui sont faites.
Ça a été passionnant, très intéressant de les faire, mais c’est fini, je ne m’en préoccupe plus. Je n’ai même pas de regard sur ça.(Il montre le flacon)
Je vois. Ce n’est même pas une indifférence, pas même un souvenir, ni un regret.

Ça vous appartient tout de même un petit peu ?

Ça m’appartient comme tout ce qu’on a fait, mais c’est loin de moi. Je ne remarque plus que le défaut (il regarde un vase en baignoire auquel il manque deux anneaux). Je vois tout de suite ce qui manque, ce qui n’a pas été fait. J’ai un œil très sûr. Je sais ce que je veux, au fond.
Mais dire que j’appartiens à cette « grande famille » des parfumeurs, ou des maquilleurs, ce genre de choses, non, pas du tout ! Je me suis servi de ça parce qu’il y avait une écriture à donner, mais c’est plutôt un double. Ce sont des doubles.
Au fond, j’ai toujours été dans le double, où que je sois. J’y suis toujours, de l’autre côté, jamais complètement investi.

Alors aujourd’hui, qu’est-ce qui vous intéresse ?

Si j’avais écrit un livre, je ne passerais pas mes journées à le relire en disant que c’est bien… Je n’ai pas le temps. Je dois passer à autre chose.
Or, le temps, je le trouve extrêmement immobile. C’est à moi de l’animer. Il faut absolument le faire bouger, sinon j’ai l’impression que c’est un vide prodigieux.
Tout ce que j’ai fait, c’est à cause de ce vide. Il faut que je le comble. Ce n’est pas un plaisir, ni un métier – je n’ai aucun métier d’ailleurs ; je n’ai rien appris.

– Vous avez appris de vos expériences, au moins techniquement j’imagine ? Acquis des compétences ?

Oui… j’ai appris dans tout ce que j’ai fait. Cet endroit par exemple, je n’aurais pas pu le faire si je n’avais pas fait des travaux au Maroc : les proportions, etc. On apprend.
Quand je dis qu’on ne sort pas de ces 7 ans, ce n’est pas ce que je veux dire… On s’enrichit tout le temps, mais on ne change pas fondamentalement.
Les matières de la parfumerie, je les connais bien, au bout de 20 ans. Mais compétence n’est pas le mot : je crois que la création suppose la maîtrise, mais elle suppose aussi un grand mépris de la connaissance. Il faut savoir inventer.
Proust a inventé quelque chose dans la littérature. C’est une révolution. On ne peut plus voir un livre comme avant lui. Son apport est énorme.

Vous savez qu’après avoir senti vos parfums, on ne peut plus en sentir de nouveau de la même manière…

Non, je ne sais pas du tout ce qui va se passer avec mes parfums.
Ça me fait très plaisir quand on me dit que les gens les aiment, c’est tout. Plus exactement qu’une personne (je ne connais pas « les gens ») puisse aimer, apprécier. Mais c’est tout. Le reste je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas et ce n’est pas mon propos. C’est fait.
Mais évidemment, si j’écrivais un livre, je préfèrerais qu’il soit lu… (clin d’œil amusé)

Vous aimeriez écrire un livre ?

Je n’ai pas de projets. Les choses se font parce que justement il y a un vide à combler.
Mais j’aime écrire. Ça ne veut pas dire que je vais faire un livre. Je ne sais pas.
Ecrire, si on est un lecteur et si on a lu, c’est une exigence qui demande sacrement d’humilité.

Vous écrivez un peu autour de vos parfums tout de même ? Vous les racontez chaque fois…

Oui, un peu. C’est une planche… mais tout a été plongeoir. Ça a été une succession de choses.
Ça commence très bizarrement : je suis jeté dans un salon de coiffure à 14 ans – je dis « jeté » parce que ce n’est pas du tout ce que j’avais choisi. A 14 ans on ne choisit rien, surtout en 56. Qu’est-ce qu’on fait quand on a 14 ans ? J’étais un peu perdu, pas spécialement heureux. D’abord c’était moche : les gens avec les rouleaux sur la tête, les séchoirs… on ne peut pas dire que j’étais fou de joie ! Mais je ne trouvais ça ni beau ni laid. Je n’avais aucune espèce d’idée esthétique. Je ne savais rien du tout. J’avais juste, sans doute, une forme de révolte qui était là… et puis une espèce de capacité d’adaptation qui faisait qu’on pensait que j’étais un garçon très très gentil, ce que je suis certainement aussi !

C’est un jeu alors de vous faire parfois passer pour un misanthrope ?

Ah mais non ! Je ne suis pas du tout misanthrope. Ni misanthrope, ni misogyne, rien de tout ça.

A l’époque, attraper des ciseaux, des serviettes, des manteaux, ça n’avait rien de passionnant. Mais il se passe toujours quelque chose… et un jour d’affluence, il y a une jeune fille qui arrive. Elle a l’air aussi triste que moi à peu près. Elle est belle, mais ne sait pas qu’elle est belle. Tout le monde ne la trouve sûrement pas belle. Je ne vois rien. Je lui place les cheveux et le moment qui suit est déterminant, il se passe quelque chose d’étonnant : un coup de ciseaux majeur. Cette mèche qui tombe, au carré justement (en 58, le carré…), elle tombe par terre comme un vieux fœtus mort. Schlac ! Un vieux fœtus mort qui serait moi, si vous préférez, cette chose noire, collante. Alors tout le monde s’arrête autour de moi – Est-ce que je ressens ce moment de cette façon ou est-ce qu’il existe, je n’en sais rien – le salon est en arrêt et c’est là que je décide : « J’aggrave ». Je continue donc. Et non seulement je continue la coupe, mais je rentre dans ce qui est MA façon de regarder et non plus j’accepte qu’on me fasse voir.
Mais les choses se préparent. Ce jour-là est un événement, il y en a plein d’autres. Les éléments de votre vie qui se sèment, qui font que vous soyez vous, c’est plein de petites choses, mais déterminantes. Certains éléments sont fondamentaux… mais ça il faudrait un moment pour le raconter.

La psychanalyse vous intéresse ?

La psychanalyse, j’en ai même fait : c’est un désastre chez moi, sans doute à cause de moi. Pas couché, je ne pourrais pas. C’était toujours assis.
J’ai eu plusieurs expériences de ce type-là. C’est passionnant. Freud est un génie, c’est certain.
C’est extrêmement enrichissant, tout ça, mais ça bloque. Ça ne marche pas. Ce n’est pas une question de temps, je suis patient… mais il arrive un moment où il faut choisir : ou on se flingue ou on continue.
Je prenais des somnifères, j’étais devenu un… il se passe quelque chose chez moi. Pas de la résistance, autre chose.
Ce n’est pas la psychanalyse, c’est mon expérience avec les psychanalystes : ça s’est mal passé pour moi.
Ça a duré des années mais ça n’a pas abouti.
En revanche, j’ai toujours passionné les psychanalystes. J’ai l’impression qu’ils découvrent quelque chose d’incroyable avec moi. Et moi aussi, ça m’a passionné…
Seulement, cette triangulation, le père / la mère / l’enfant au centre, comme le dit Deleuze, elle débouche sur quelque chose qui est fermé, pas sur une révolution, une révolte. Elle ne profite à rien qu’à s’installer.
Le mot, l’idée de « m’installer » dans quelque chose, y compris les parfums, je le détesterais.
Ma vie, ce sont des passages, c’est une écriture. Comme la coiffure était une écriture, le maquillage en était une, la photographie, le cinéma, les parfums… tout est une écriture pour moi.
Je parle avec ça, je dis quelque chose même si je ne sais pas forcément quoi. Il y a une histoire qui en sort. Pas de celles qu’on raconte dans les journaux, une histoire intime. On ne peut pas tout dire…
Chaque fois je ne vais pas raconter ma vie. Je ne suis pas un drap de divan.

Coupure. La journaliste lui montre une photo de Louise Bourgeois, très vieille, la main ouverte. Elle lui fait penser à un caméléon. Il trouve l’image belle.

La Beauté, c’est ce à quoi vous aspirez ?

Non. Je ne saurais pas comment la définir. En tous cas pas comme ça.
La Beauté, c’est le moment où on sort de sa propre honte, pas celle qu’on a, celle qu’on vous a donnée (Il n’y pas honte à quoi que ce soit).
Si vous sortez de la honte, le moment où vous relevez la tête, c’est ça la beauté. Il n’y en a pas d’autre. Le reste n’est rien : de l’arrangement de la bricole.

Cette jeune femme dont vous parliez tout à l’heure, dans le salon de coiffure. Vous avez dit qu’elle était belle…

Elle n’était pas elle. Elle est un double. Elle est moi aussi, comme Saint-Laurent avec ses modèles. C’est un sentiment de double. On se dédouble. C’est à dire qu’en fait cette fille est repartie avec moi : avec la confiance que je lui ai donnée en plus de la sienne, pas seulement sa confiance, mais aussi celle que je me suis donnée par elle. C’est ce que j’appelle le sentiment de double.
Je suis très empathique. J’ai un sentiment d’identification avec tout, dès l’enfance, avec tout et n’importe quoi, même avec des choses végétales. Je m’identifie terriblement, c’est plus que de l’empathie, ça dépasse ça. Je tombe de l’autre côté. C’est naturel chez moi. Je SUIS quelqu’un. Il n’y a aucun calcul, ça se passe très vite. Il y a un fondu. C’est peut-être ce qui se passe aussi avec les parfums. Je m’identifie tellement que je deviens une forme de végétal à ma façon.
Ce n’est pas quelque chose qui se passe en dehors de moi… ou alors s’il y a couple, c’est moi, ce n’est pas comme on l’entend.

Vous avez peur d’être incompris ou mal compris ?

Non, mais je cherche, avec tout ce que je fais, à préciser, ou en tous cas à me préciser. Mon problème c’est que je pense que je me fais mal comprendre… tant que je n’aurais pas d’instrument plus précis pour définir « ce que JE ». Or il faut absolument, c’est vital même, que je puisse définir. Je le fais par les parfums, c’est une écriture imprécise, qui est inscrite dans l’essence mais qui échappe.
Le seul partenaire, dans le parfum, c’est le parfum lui-même, comme le seul partenaire du funambule est le fil.

Dans ce processus de création, vous avez l’idée précise dès le départ ou vous tâtonnez ?

Je sais où je vais, si je fais un ambre, une rose. Il n’y a pas de surprise. C’est le parfum qui dirige cependant et c’est lui qui m’applaudira à la fin si c’est bien… ou pas. Le parfum est un élément vivant. C’est lui qui vous emmène sur telle piste ou telle autre. Moi je dis « non » ou « oui » ou « plus », « plus », presque jusqu’au moment où ça va tomber, où on va chuter. C’est ce moment qui m’intéresse.

Aparté. Je parle des conférences de Jankélévitch, du moment impossible à inscrire dans le temps où on bascule dans le vide. Il est curieux.

Quelqu’un qui tombe souhaite la chute, il en a besoin. Moi j’ai besoin de cette chute pour vivre, incontestablement. J’ai besoin d’un certain danger, que ça aille loin.
Je ne me mets pas en danger, mais ce moment de la chute est dans toute création.
J’imagine que quand Picasso peint les Demoiselles d’Avignon, on ne peut pas présenter ça comme une chute. On n’est pas tous sur un fil… mais c’est alors ce moment, en effet, où les choses n’ont pas le choix, s’imposent.
La création n’est pas ce qu’on en dit… « les métiers de Création », « d’Art », me font mourir de rire. La création n’est pas un choix, c’est une maladie, quelque chose qui doit sortir.
Non… il n’y a que Dieu qui crée. Et en plus il ne fait rien, tout le monde le sait.

Cette idée particulière, vous pouvez la préciser ?

Tout est passage.
Un parfum, c’est quelque chose qui m’encombre, il faut que ça sorte, que ce soit éliminé.

et Jeux de Peau en particulier ?

Ce parfum, c’est la fournée, l’odeur de la fournée.
Ça s’est passé il y a 4 ans, mais c’est encore une caisse de résonance : on ne découvre pas les choses, elles reviennent vers nous avec une telle violence… Proust l’explique parfaitement bien.
Tout est là, dans tout, et même dans les choses qu’on croit très lointaines : vous me direz que vous n’avez jamais senti la fève tonka, mais si ! Car il y a de la vanille dedans. Les molécules vous sont familières.
Le plus grand parfumeur, ce sont les fleuves, les vents. Il n’y en a pas d’autre. C’est Lui le parfumeur. Les pollens, les abeilles, les insectes, c’est Lui qui a tout diffusé, créé une espèce de répertoire absolument royal, sans parler du répertoire littéraire qui suit…
Parce qu’un parfum est entièrement littéraire.

Je lui parle des mots de ses parfums et de leur éventuelle traduction… il est clair que ceux qui ne parlent pas français perdent beaucoup de la subtilité des parfums Serge Lutens… Il me remercie, humblement, dit qu’il ne sait pas.

Quand j’ai commencé le maquillage, j’ai mis un fond de teint très blanc. Les gens étaient choqués. Les parfumeries refusaient de montrer mes images…
On oublie, parce que ça devient courant, adapté.
Comme cette parfumerie (sa collection), elle s’est adaptée, elle est devenue… des collections de niche, ce genre de chose, mais ça n’a rien à voir avec moi tout ça. C’est le marketing qui intervient derrière.
Moi j’ai fait quelque chose dans un sens qui m’était nécessaire, possible, et surtout qui s’est trouvé sur mon chemin.
Pour finir, je n’ai rien décidé, tout s’est un peu passé avec moi : j’étais là, j’ai pu m’en servir.
La coiffure, le maquillage, la photographie, tout ça a l’air d’amener à quelque chose que je ne connais pas encore. Le parfum, le décor et bien d’autres choses…

Vous vous nourrissez des créations d’autres artistes ? Je sais que vous aimez Visconti, on a parlé de Marcel Proust…

J’aime beaucoup le cinéma, je ne suis pas le seul. Visconti, Pasolini, Chéreau, beaucoup d’autres… et puis des choses que j’ai oubliées, puis des choses nouvelles, modernes.

Je citais Visconti à cause de Ludwig, que vous avez dit être votre film préféré (cf questionnaire C&G)

C’est tellement beau. Comment ne pas aimer ? Ce sont des chefs d’œuvre absolus. On ne peut plus refaire ça au cinéma aujourd’hui. « Les Damnés », on ne peut pas faire plus beau : les acteurs sont dirigés à la perfection, les costumes sont somptueux, les décors parfaits, le moindre figurant est un acteur principal. C’est extraordinaire, tout. « Ludwig » est un chef d’œuvre de la première à la dernière image… Elisabeth d’Autriche y est…

Coupure / pause. Départ de la journaliste.

La Création, l’Art, ce n’est pas comme on l’envisage, comme on le regarde. Ce n’est pas simplement un don. La création, c’est une maladie.

Aparté sur la vie de Visconti, son enfance.
Retour à la création.

Je sais parfaitement où je vais. Même si le parfum conduit, il ne me fera pas aller ici ou là.
Je n’ai aucune idée ensuite des gens, de ce que quelqu’un va choisir, va mettre, et ce n’est pas mon propos.
Quand le flacon est fermé, je l’ai senti, c’est terminé, ça ne m’intéresse plus.
Je suis ravi d’apprendre que quelqu’un le porte quand on me le dit, mais ce n’est pas un but pour moi.

Aparté pour lui raconter l’histoire de mon parfum, Empreinte, et du nouveau, Bas de Soie, parler de la fusion mère/enfant qui se poursuit.

Que pensez-vous des parfums des autres, certains vous plaisent ?

Je ne connais pas les parfums. Je ne m’y intéressais pas avant d’en faire et quand je dis que je m’y intéresse, c’est à ceux que je fais. Je ne sens pas les autres. Je n’ai aucune curiosité.
Avant d’en faire, je ne me parfumais jamais même si je ressentais, comme tout le monde, la filiation avec certains parfums, des odeurs.

Vous souvenez-vous du parfum de votre mère ?

Ma mère ne portait pas de parfum, en tous cas je ne me souviens pas du tout de son parfum, j’ai plutôt des souvenirs d’encres, d’odeurs de poudres assez écoeurantes, parfumées à la rose, très épaisse…
Ce n’était pas dramatique, mais je sais que je n’aimais pas ça.
J’appelle ça des parfums de tiroirs, empestés par des odeurs de vieux trucs – je déteste ça – de vieilles fourrures, de vêtements, de choses enfermées dans des tiroirs… ça m’angoisse.
Je n’aime que les odeurs sur-naturelles. Un parfum, je veux qu’il m’ouvre une porte, pas qu’il ferme un tiroir.

Nous nous amusons d’un psychanalyste américain qui est venu lui parler un jour, d’une clinique où il « soigne » les patients avec des odeurs, nous en rions.

Puis je lui dis que face à lui, je suis impressionnée et un peu perdue mais que c’est très agréable, de l’écouter. Nous reprenons ensemble les questions que j’ai préparées, il les lit rapidement et s’arrête sur certaines.

Attraction / répulsion, une dualité qui entre dans votre vision du parfum ?

C’est inconscient. Je fais quelque chose qui me plaît avant tout. Dans ce que je raconte il y a des moments angoissants, et d’autres agréables, mais ce n’est pas quelque chose que je peux isoler, détailler.

Avez-vous des animaux ?

Je les aime bien. Il y en a dans le jardin, mais je pourrais pas m’en occuper. Je ne suis pas un homme à bébêtes, ce n’est pas du tout mon truc.

Il y a des odeurs qui appartiennent à un inconscient collectif, qui éveillent quelque chose chez chacun… par exemple l’odeur de chien mouillé.

Ah ! Elle est épouvantable pour moi. Quant aux autres, elles se mêlent, il y en a des milliers. Il m’est trop compliqué d’en isoler une seule.

Parlons de « Jeux de Peau », votre dernier parfum.

Un parfum n’est rien d’autre que cela finalement, des jeux de la peau. C’est la peau qui joue et pas les peaux qui jouent ensemble… ça ne m’intéresse pas du tout.

Je lui rappelle qu’il n’aime ni les caresses, ni les gratouilles (cf questionnaire C&G).

Un parfum est différent sur chaque peau, comme un rouge à lèvres : sur 20 personnes il donnera 20 couleurs différentes. Il y aura des similitudes bien sûr, une filiation, mais ce seront alors 20 parfums différents.

Reconnaissez-vous vos parfums lorsque vous les croisez, sur une peau ?

Pas toujours. Il y a des personnes qui les portent si haut qu’ils émanent d’elles. Là c’est une évidence. Sur d’autres, pas du tout.
Très souvent, quelqu’un s’approche de moi et me demande « vous reconnaissez ? » je réponds que non.
Souvent j’ai oublié. Mais la plupart su temps, je ne reconnais vraiment pas.
L’alchimie va faire que le parfum devient autre chose sur la peau d’une personne. C’est ce qui est beau.

Toujours ?

Ah… une histoire de PH : certaines personnes « tuent » les parfums et c’est alors très complexe d’en inventer un qui leur conviendra.

Il y a des formules magiques ?

La vanille par exemple, j’en mets très peu dans mes parfums. Mais on ne peut pas s’en passer, comme du Musc. L’ingrédient est une ponctuation alors, comme une virgule dans un texte. Mais tout est important : une virgule change tout au texte… les gens ont perdu l’habitude de mettre la ponctuation. C’est dommage.

– Bon et les femmes à barbe, vous en pensez quoi ? Vous m’avez amusée en disant que nous aurions dû vous poser la question… je vous la pose.

(rire) Je n’en connais pas…

Il y en a dans les films, nous évoquons Freaks et les personnages fascinants et terrifiants des foires.

Je suis encore curieuse : à la question du premier amour, vous avez répondu que ça ne s’appelait pas comme ça… Vous l’appeliez comment alors, par son prénom ?

Je ne l’appelais pas. Je ne connaissais pas son prénom.

C’est juste une image ?

Ah non, il était très réel (sourire).
En fait, l’Amour, c’est probablement quelque chose d’autre, de très affectif, de plus nuancé, loin, très loin, qui remonte à l’enfance, évidemment.
A l’adolescence, on est plus…

Le prochain parfum Serge Lutens ?

Ce n’est pas moi qui décide. Je ne crée pas sur commande, il y en a beaucoup en réserve…

de quoi être « publié » à titre posthume presque ?

Quel cauchemar ! Je fais des parfums, ça ne va pas plus loin.
Et puis vous savez, on oublie vite les choses… J’en ai fait plusieurs.
Peut-être que dans 10 ans, si je fais autre chose, certaines personnes qui ont aimé ces parfums, qui s’y sont intéressées, pourront s’en souvenir. D’autres me connaîtront pour autre chose « Ah c’est lui qui fait ça… »
Le parfum, c’est une écriture de moi dans l’instant. Ils sont plus ou moins vivants, ça dépend. Dans les titres, vous voyez déjà l’intention, comme avec « Tubéreuse Criminelle », c’est assez clair.
Je les fais, vous les ressentez, c’est très différent.
Mais je ne me mets pas dans la Parfumerie… même maintenant, j’ai l’impression d’être un à-part. Ce que je fais c’est une histoire, une expression, dans un moment, qui m’est nécessaire. Ça va se traduire dans mon parfum mais sans intention de s’adapter ou plaire.
J’ai quelque chose à dire par ça, d’une certaine façon. Comment je vais le dire, je ne sais pas encore. C’est une surprise, à part.
Tout ça, je ne sais pas ce que ça va devenir dans la mémoire des gens, ni dans la mienne…
Il y a eu des parfums très importants. « Serge Noire » a été un parfum virage pour moi, « Ambre Sultan » aussi.
Il y a eu des clefs, qui ont créé des départs.
Ça peut être une coupure, mais aussi quelque chose de beaucoup plus intime.
Le parfum permet surtout de nuancer, de dire…
L’idéal serait de pouvoir le dire avec des mots… même si le parfum est très précis.
Cette odeur de fournée totalement interprétée par exemple. Ça passe par la fournée mais ce n’est pas son odeur.
En tous cas, quand je l’ai ressenti, il y a 4 ans, j’ai eu immédiatement envie d’acheter un pain chez le boulanger, même pas pour le manger. C’était au laboratoire, à Paris et il y avait une boulangerie sur la place toute proche. J’ai senti l’odeur de la fournée, je suis entré et le boulanger était marocain (sourire). J’ai acheté et nous avons parlé, du pain, d’autres choses… Vous voyez : je ne suis pas du tout misanthrope.
Je suis très solitaire, par nécessité. J’ai besoin de m’isoler. Je ne pourrais pas vivre entouré tout le temps, en couple ou avec les autres… je serais noyé, ce serait dangereux pour moi. Je ne serais plus rien, je serais perdu.
Paris est très intense : on va ici, puis là, on est toujours « en face », et à la fin de la journée, je ne sais plus du tout qui je suis.
Mes réponses sont de l’instant… dans 2 jours, une semaine, elles seraient différentes, c’est une question de moment.

La Mode vous intéresse ?

La Mode en soi ne m’intéresse pas. Le vêtement oui. Les gens, oui. La façon de les porter, le style, mais pas la Mode, c’est trop fugace pour moi…
J’ai travaillé pendant 14 ans chez Dior.

Vous avez des amis dans ce milieu ?

Des amis non, des gens que je connais…
Mais je me suis toujours senti à part. A l’école déjà j’étais contre le mur à la récréation… Ce n’est pas que je sois sauvage ou contre eux…

Je comprends, je suis comme vous.

Nous parlons de psychanalyse encore, il s’intéresse à moi. Nous évoquons comment nos fêlures se retrouvent dans la création. Il me parle de la musique de Vivaldi qu’on écoute différemment quand on sait qu’il était asthmatique.
La discussion prend un tour plus intime sur le double, l’analyse, et puis des références communes, comme Marilyn Monroe, des actrices… la librairie Galignani que nous fréquentons.
Il me dit qu’il lit pour apprendre, pour comprendre, pas pour se distraire, qu’il peut être fasciné par un détail au point de regarder 10 fois le même film pour un lacet de chaussure.
Nous parlons mise en scène, au cinéma et dans la vie…

Marlène, l’Ange Bleu, Shangaï Express… elle y est si maigre, stylisée. C’est un film de couturier. L’intrigue est triviale, sans intérêt.
Je vais voir des films pour les images.

Prenez-vous encore des photos ?

J’aime ça mais je n’ai plus la possibilité d’en faire. Je le faisais pour Shiseïdo… je suis passé aux parfums. C’est un travail d’obsédé, de malade. Quand je travaille sur un parfum, je ne fais que cela.

Combien de temps, entre l’odeur de la fournée et le flacon sur cette table ?

ça dépend. Certains parfums prennent 10 ans, 12 ans, d’autres 1 an. 1 an et quelques mois : c’est le minimum.
Il faut trouver les clefs. Un déblocage peut prendre des mois. Mais je sais quand c’est ça, ou quand ce n’est pas ça (comme le ça en psychanalyse, encore !).

Discussion sur Marilyn reprend, Arthur Miller, Les Désaxés, ce film hécatombe, la façon dont elle était fabriquée, touchante, pas forcément en tant qu’actrice. Je lui parle de « Certains l’aiment chaud » et lui rappelle la fameuse scène du Yukulélé, celle du bas de soie dont tombe le flacon.

Bas de Soie, c’est une image, quelque chose qui glisse, une évocation. Cela tient du toucher, de l’étoffe.
Comme les enfants quand vous leur présentez une étoffe, ils la passent sous leur nez. Je fais toujours ça. On ne change pas. J’aime sentir les étoffes, non parfumées, je me sens protégé par un cache-col. La douceur du tissu qu’on apprivoise.

Je lui parle du Petit Prince, de ma façon d’envisager les parfums, vivants, qu’on doit apprivoiser.

Il rêve :

Je ne sais pas. Je cherche. Je travaille beaucoup…
Le Temps…
Chaque miette du temps. C’est une cueillette.
Je n’ai plus le choix, je suis dans l’urgence, dans le défi à la mort, le discours avec elle, la rencontre.
Comme les bateleurs qui faisaient leurs tours pour la Vierge.

Pourtant je suis athée.
Mais j’ai été élevé dans la religion catholique. Il reste des choses.
Un jour j’ai lu une histoire dans un magazine, dans l’avion, le seul endroit où je lis parfois des magazines : une petite fille à l’école, en cours de dessin, crayonnait des croix gammées. Pourquoi ?
En fait, cette petite fille était née de l’aventure de sa mère avec un officier allemand, pendant la guerre. Elle n’avait connu ce père que quelques mois, puis il était parti et le mari de retour. Mais elle savait que c’était son père, et le signe sur cet uniforme était resté gravé en elle.

Ici, au Palais Royal il y a beaucoup de signes… comme dans cet endroit. L’escalier est le plus important, il donne la respiration car le plafond est trop bas. Il est important dans l’architecture comme la symbolique.
Je suis fou d’avoir fait passer ça. Je me suis entêté. (Il sourit)

Mais je dois prendre congé, je suis désolé.

Bien sûr. Je vous ai fait prendre du retard, je suis désolée… Merci.

Galamment, il se lève et me passe ma veste, puis me raccompagne jusqu’à l’escalier et me serre la main, il est fatigué mais il sourit, me remercie et je m’éclipse, lui souhaitant de retrouver vite sa maison et la solitude qu’il aime.

Anne

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Une réflexion sur “Jeux de Peau, Serge Lutens

  1. Cela fait partie des rencontres qui nous font croire que le rêve éveillé existe ! Rencontres qui changent notre personne, nous font grandir.
    Quelle chance tu as !
    Bravo

    • Tu as raison Nicolas ! Je ne suis plus toute jeune mais je me sentais comme une gamine et j’avais bien peur 😉
      Je suppose que ton expérience lors des derniers défilés dans les coulisses de Stéphane Rolland a été aussi de ces moments déterminants… Le plus beau des derniers défilés !
      Tes photos sont sublimes.
      Bravo à toi !
      Anne

  2. cafénadine dit :

    Que dire …..Bravo pour ce magnifique reportage !
    Merci a Monsieur Lutens (heuuuu pas de photos de vous deux ?)
    Bisous

    • Bonjour Nadine !
      Non nous étions en face à face de chaque côté de la table sur ces petites chaises des 7 nains, c’était assez étrange et intense à la fois.
      Mais je n’ai pas demandé à l’assistante de nous prendre en photo… pourtant je suis fan… mais pas osé 😉
      Bisous

  3. Dori dit :

    Une goutte de nectar posée sur une plume de fée. Enivrant ; ) /baiser soufflé à Lady A

    • Ma poétesse Dori… je te souffle des baisers parfumés Lutens par retour de brise et t’espère en pleine forme !

  4. Quel article magnifique Anne ! Vous m’avez transportée par vos mots et vos photos. Merci !
    Quelle rencontre cela a dû être en effet pour qu’une telle émotion transparaisse tant de mois après ! Je vais de ce pas lire l’interview en entier.
    Pour ma part, bien que travaillant à 2 pas de cet endroit, je n’ai pas encore osé en franchir le seuil 🙂

  5. Caro dit :

    Anne, comment dire, je suis fan de ta belle plume. J’aime le dimanche matin rêver sur tes douces envolées. Je sens que je pourrais écrire un commentaire mielleux de compliments, tant cet article que tu nous offres me replonge dans la chaleur matinale de mon lit.
    J’aime l’onirisme sensoriel dégagé de tes compositions.
    Merci sincèrement
    Très bon week-end
    Caroline

    • Merci Caroline !
      Je suis un peu intimidée par tant de gentillesse et de compliments… il y a surtout beaucoup de travail en amont et de la chance d’avoir eu cette opportunité… c’est Monsieur Lutens qui est fascinant… et je n’ai pas été très efficace pour vous faire part de cette rencontre.
      Mais si le résultat peut provoquer pareil commentaire, je m’en régale et m’en réjouis à la fois 🙂
      Merveilleux dimanche à toi qui viens d’illuminer le mien.
      Bisous
      Anne

    • C’est magique donc… je suis ravie 🙂
      Internet permet décidément de très jolies rencontres et découvertes : ton blog est un petit coffret à trésors.
      A bientôt
      Anne

  6. Anne…. tu es AMOUREUSE!!!!!!!!!!! C’est sûr, je l’ai vu tout de suite. On ne peut pas écrire de billet bouleversant sur un homme sans l’être. (LAncelot, je te rassure, c’est uniquement d’ordre spirituel) . Je suis toute retournée. Que va t’il naître de cette conversation longue et chuchotée… En plus il parle de Balthus: Anne, quoiqu’il advienne, tu as ma bénédiction.

  7. Une merveille que cet entretien avec Monsieur Lutens, des références de haute volée, une grande subtilité. Bravo et merci Anne. Et surtout, ce mot qui revient et qui est un de mes mots préférés: résonance.

  8. porquet christine dit :

    christine, merci de cette 2) rencontre;félicitations de ce décor et mise en scène;comme toujours ton élégante attitude intérieure m’éblouit ainsi que toute la subtilité immense de ton existence qui apporte la résonance a notre AME.bravo et merci. chriss.

  9. Anne,

    Quel bel article. Vraiment joli. Et parfait.

    J’apprécie énormément ce billet où tu laisses échappé un peu des détails discrets des moments passés avec ce grand artist, ce créateur des sensations, mais que tu gardes les mots qu’il t’a dit pour toi…je trouve cela un très beau geste et qui le rend pour moi encore plus mysterieux, encore plus élégant, s’il t’as inspiré à ce point.

    Merci pour ce joli partage….

    Melissa

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